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Découvrez « Les Aventures d’Alan R. », un court inédit de David Lynch
- Léa André-Sarreau
- 2020-07-08
Avec ce petit film, plan fixe de 90 secondes sur une tête déclamant sa tristesse, le réalisateur prouve de nouveau son talent pour le mixage sonore.
S’il a déserté les salles de cinéma depuis son dernier film Inland Empire en 2006, David Lynch a trouvé un autre espace d’expression fleurissant : sa chaîne Youtube, David Lynch Theatre, suivie par des millions de fans. Pendant le confinement, le réalisateur y a déposé des bulletins météo, mais aussi son court-métrage Fire, ainsi que les épisodes de sa série animée Rabbits. Après avoir suivi son tuto pour fabriquer des lampes, suite de ce marathon cinéphile en ligne avec l’arrivée d’un court-métrage inédit, Les Aventures d’Alan R. 90 secondes, c’est le temps qu’il faut au maître du malaise qu’est David Lynch pour créer une ambiance cauchemardesque.
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Composé d’un seul plan fixe, le film exhibe à nos yeux perplexes une tête coupée, immobilisée au sol. Sorte de croisement entre un masque africain et le faciès de Freddy Krueger, cette tête exprime des pensées bien sombres que Lynch matérialise par une voix-off grinçante : « Je ne vais pas à la pêche, maman », répète-t-elle comme une complainte, tandis que le tic-tac d’une horloge et le bruissement du vent deviennent assourdissants. Outre ce mixage sonore maison de grande qualité, les adeptes du mystère Lynch se régaleront en essayant de décrypter les infimes indices glissés dans le film.
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Le motif en noir et blanc de la moquette leur évoquera le sol de la chambre rouge dans Twin Peaks, tandis que le « Alan. R » du titre pourra leur apparaître comme un hommage à Alan R. Splet, concepteur sonore qui a collaboré avec Lynch sur ses longs-métrages Eraserhead, Elephant Man, Dune et Blue Velvet, décédé en 1994. À moins que ces Aventures d’Alan R. ne soient qu’une énième variation bizarre et poétique sur la solitude humaine et l’abandon maternel, qui nous évoque aussi dans sa composition le célèbre tableau d’Edvard Munch, Le Cri.