En tirant le portrait dense de la grande Marie Curie, la Franco-Iranienne Marjane Satrapi (Persepolis, The Voices) retrace avec brio l’histoire de l’énergie nucléaire de la fin du xixe siècle à aujourd’hui. Et prend quelques libertés bienvenues avec le biopic traditionnel.
Paris, fin du xixe siècle. Dans les rues agitées de la capitale, Marie Skłodowska (géniale Rosamund Pike), une jeune physicienne brillante venue de Pologne, fait la rencontre de Pierre Curie (Sam Riley), avec lequel elle forme vite un tandem amoureux et professionnel. Tous deux font la découverte révolutionnaire du polonium et du radium… Évitant le biopic hagiographique, Marjane Satrapi désacralise la figure de Marie Curie qui, sous ses dehors insensibles, était en réalité habitée par un précieux besoin de ne se laisser enfermer ni dans son rôle d’épouse ni dans celui de mère.
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Tout en développant ce versant intimiste et féministe, la cinéaste, qui met à profit ses talents d’autrice de bande dessinée, ressuscite, dans des scènes plus oniriques et avec un brillant sens du cadre, la Belle Époque et la naissance du spiritisme, grâce à une esthétique qui emprunte aussi bien au graphisme publicitaire de l’époque qu’à l’Op Art. Parallèlement, elle vulgarise des concepts scientifiques complexes et incorpore avec une grande fluidité des épisodes traumatiques de l’histoire du xxe siècle liés à la radioactivité (comme les catastrophes d’Hiroshima et de Tchernobyl), dans un souci de mise en perspective qui donne au film son ampleur. Mais c’est en évoquant les attaques lancées par l’extrême droite à l’endroit de Marie Curie à la fin de sa vie que ce récit riche en échos et rebonds interpelle le plus, suggérant que cette Europe menacée par une xénophobie naissante, c’est aussi, toujours, la nôtre.
Radioactive, de Marjane Satrapi, StudioCanal (1 h 43), sortie le 11 mars
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