Ce n’est assurément pas une suite, sûrement pas un spin-off, plutôt l’extension d’un personnage et d’un univers singulier. En 2011, le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu sortait Poupoupidou, l’histoire d’un écrivain de polar, David Rousseau, de passage à Mouthe, le village le plus froid de France, qui tombait sur un suicide étrange propice à lui donner l’inspiration pour un nouveau roman policier.
Douze ans plus tard, David Rousseau est toujours là, toujours incarné par Jean-Paul Rouve, et rappelé à Mouthe par un étrange moine qui veut lui faire des révélations. Jusqu’à ce que tombent sous ses yeux des cadavres qui reproduisent de célèbres tableaux…
Visuellement ambitieuse sans être pompière, traversée par une ambiance glacée qui vient percuter des aplats de couleur, Polar Park emprunte autant à Fargo ou Twin Peaks qu’aux films de Pedro Almodóvar.
Entre un adjudant de gendarmerie cartésien mais ultra-sensible lui aussi rescapé de Poupoupidou (Guillaume Gouix reprend son rôle), une prof de français groupie d’écrivain (India Hair) et une ribambelle de suspects absurdes, dont un bibliothécaire tatillon, Gérald Hustache-Mathieu a l’art de brosser des portraits hilarants et touchants pour former une galerie décalée qui donne à ses épisodes toute leur saveur.
Mais c’est souvent sa grande maîtrise de la langue qui fonde l’humour si particulier de Polar Park. Ici, les gens ne sont pas morts mais Delta Charlie Delta, les romans policiers s’intitulent Requiem pour un surfeur et les gendarmes utilisent des pseudos ridicules au talkie-walkie qui font que « Petit ours brun parle à McDo ». On sort de ce visionnage avec la certitude d’avoir vu une (bonne) série qui n’aurait jamais pu être faite par quelqu’un d’autre – sentiment rare, donc précieux.