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Tourné en langue chinoise, le film taïwanais The Game They Calles Sex est une œuvre intrigante et pleine de subtilité. Elle est découpée en trois segments, sur chaque période clef de la vie de l’héroïne, Hsiao-min. Les trois parties sont réalisées par trois cinéastes différents.
Derrière son esthétique ultra colorée et son découpage pop, The Game They Called Sex dissimule, en écho aux changements qui secouent Taïwan, une critique acérée de la condition des femmes dans les années 1980.
Que ce soit la légèreté de la musique, les décors typiques de ces années-là ou la construction très stéréotypée des personnages (le mari geek et le bandit viril), le kitsch est partout. Ce traitement très doux s’oppose radicalement au profond mal être de Hsiao-min. Alors qu’elle vient tout juste de terminer ses études, la jeune femme est contrainte par sa famille de se marier à un homme qu’elle n’aime pas, pour respecter les usages de la société taïwanaise.
Le film résonne comme une lutte contre l’héritage des valeurs patriarcales issues du confucianisme, sorte de code social tacite omniprésent depuis des siècles en Asie. À travers les doutes de Hsiao-min sur son futur et sa condition, les trois cinéastes remettent en cause la notion de « dévotion filiale », idée selon laquelle le rôle social de la femme se limite à celui de fille, de mère et d’épouse.
The Game They Called Sex brille par le nombre de futurs grands artistes taïwanais qu’il met à contribution. À la réalisation, on retrouve Sylvia Chang, qui deviendra une actrice célèbre en Asie, Wang Shaudi, qui continuera à aborder les problèmes de la société taïwanaise dans ses films, et réalisera le génial Grandma and Her Ghosts (1997).
À l’écriture, on retrouve Tsai Ming-liang, l’un des futurs plus grands réalisateurs taïwanais, cinq ans avant son premier long métrage, Les Rebelles du dieu néon. Et l’actrice principale n’est autre que Maggie Cheung, qui jouera notamment dans les incontournables In the Mood for Love (2000) de Wong Kar-wai et Irma Vep (1996) d’Olivier Assayas. Au son, on retrouve Tu Duu-chih, qui travaillera sur les films d’Edward Yang, Tsai Ming-liang et Wong Kar-wai.
Au programme également :
A festival exceptionnel, programmation exceptionnelle. On vous offre pas une, ni deux, mais trois semaines de grand cinéma 100 % gratuit. Une sélection de merveilleux longs métrages passés par la Croisette, accompagnés de bonus maison pour prolonger le plaisir. Enfilez votre costume-pyjama et vos charentaises palmées les plus insolites. C’est Cannes sur canapé, version Curiosity ! Tous les films de la collection sont visibles gratuitement jusqu’au 30 mai.
Image : © DR