Pour découvrir le film, c’est par ici.
Mélo résulte d’un pari un peu fou qu’Alain Resnais s’est fait à lui-même. Adapter au cinéma une pièce d’Henri Bernstein, dramaturge oublié et réputé injouable, même au théâtre. Alors au cinéma, les adaptations de ses œuvres n’avaient donné que du mauvais théâtre filmé – comme le Mélo de Paul Czinner, réalisé en 1932.
Mais Resnais croit au potentiel de cette pièce. Il convoque ses quatre fantastiques : Sabine Azéma, qui a obtenu pour ce rôle le César de la meilleure actrice, Pierre Arditi (César du meilleur second rôle), André Dussollier, et Fanny Ardant. En 20 jours, la troupe relève le pari avec brio.
Le film s’ouvre sur un générique qui prend la forme d’un livre, comme si Resnais feuilletait le texte de la pièce. Il y a les trois coups de théâtre, et même le brouhaha des spectateurs. Les trois actes sont séparés par des rideaux. Mais ce n’est pas du théâtre filmé. C’est un film total, avec le « son particulier » auquel Resnais tient tant. Grand mélomane, il met toujours la musique au premier plan de ses longs métrages. Ici, celle d’une sonate de Brahms jouée par les personnages-musiciens (Dussollier au violon, Azéma au piano).
« Une histoire simple qui fait surtout appel aux grands sentiments », résume Arditi sur un plateau télé à la sortie du film en 1986 aux côtés d’Azéma.
L’histoire n’a en effet rien d’extravagant. Une femme trompe son mari avec le meilleur ami de ce dernier. Resnais apprécie cette simplicité qui embrasse des thèmes universels : l’amour, l’amitié et la mort.
Dans Le Figaro, il raconte : « En lisant la pièce « à la table » avec les comédiens, parfois l’émotion nous serrait la gorge. On a donc décidé de la monter avec sincérité et simplicité, sans moderniser ni édulcorer le texte ou les situations. On a essayé de jouer la pièce sans aucune distanciation. Comme on la sentait ».
Le jeu de ces acteurs grandioses est si convaincant qu’on en oublie le lyrisme un peu appuyé de cette pièce surannée. Devant ces trois personnages qui s’aiment à la folie, se trahissent effrontément et mentent avec aplomb, on se retrouve, nous aussi, la gorge serrée.
Au programme également :
On vous plonge dans un autre défi de mise en scène. Napoléon vu par Abel Gance (1927), l’un des films les plus ambitieux de l’histoire, vient d’être restauré au bout de 15 ans de travail. Pour l’occasion, la grande cinéaste Nelly Kaplan nous plonge dans les coulisses de ce tournage monumental, dans Abel Gance et son Napoléon (1984).
Et puisqu’on est en plein Euro, on vous a déniché les plus belles images de Football et cinéma. Foot à la télé, foot à l’armée, foot à plat ventre, foot en arrosant les plantes… Tout y est !
On vous offre aussi les premiers essais face caméra de l’immense acteur Jean-Pierre Léaud, alors âgé de 14 ans. On comprend facilement le coup de foudre de François Truffaut pour ce jeune gars “gouailleur”, qui, dès ce casting pour Les 400 coups (1959), marquera le cinéma français à jamais.
Et le film mystère de la semaine est signé d’un grand réalisateur qui eut un fort penchant pour les combats de sabre. Parmi ses films mythiques, celui-ci a carrément donné son nom à un effet de cinéma.
Image : © mk2