Dressé pour tuer de Samuel Fuller (1982)
Une jeune actrice trouve un chien abandonné et décide de l’adopter, mais elle va découvrir avec horreur qu’il a été dressé pour attaquer, ou plutôt tuer les personnes noires : c’est un white dog (le titre original du film). Elle va tenter de le rééduquer et de lui faire oublier la haine enseignée par ses anciens maîtres suprémacistes. Le réalisateur de Shock Corridor apporte son style furieux et baroque à cette adaptation d’un texte sulfureux de Romain Gary. Le film est une variation sur la question du mal, implacable et troublante. C’est aussi un vrai film d’épouvante, et l’on reste hantés longtemps par les métamorphoses sanglantes du toutou.
The Lost King de Stephen Frears (2023)
Avec délicatesse, le réalisateur des Liaisons dangereuses et de The Queen nous raconte l’histoire improbable de Philippa, une petite femme solitaire incarnée par Sally Hawkins, et de son obsession pour Richard III, à la suite d’une pièce de théâtre qui l’a foudroyée. Au-delà de l’histoire vraie, folle et rocambolesque (la dépouille du roi maudit a réellement été trouvée sous le goudron d’un parking en 2012 grâce à Philippa), le film bouleverse par sa poésie à l’anglaise, son souffle romanesque et sa tendresse infinie. Et si Richard III avait été un incompris, même par le grand Shakespeare ?
Dracula de Francis Ford Coppola (1992)
L’histoire du comte Dracula hante nos nuits de cinéma depuis Nosferatu de Murnau, mais Coppola en offre peut-être la version la plus flamboyante, presque miraculeuse. En rupture avec les films de vampires qui l’ont précédé, le cinéaste retourne au mythe originel dans une fidélité totale au roman de Bram Stocker. Son Dracula, sublimé par Gary Oldman, nous emporte dans les terres du grand romantisme noir tout en célébrant l’héritage du cinéma de Méliès dans sa fabrication minutieuse. Un film beau à pleurer.
Friends de Marta Kauffman et David Crane (série, 1994-2004)
Matthew Perry, le légendaire Chandler Bing dans Friends, est mort le 28 octobre. Faut-il d’autres raisons pour se replonger dans cette sitcom mythique des années 90 ? On peut la revoir dix fois, ses ressorts comiques sont éternels. Se replonger dans l’univers ouaté et insouciant des nineties fait un bien fou, même la génération Z y a succombé. La série reste, 20 ans après, étonnante dans la modernité de ses thématiques. Et puis, on aurait tous besoin de rejoindre nos meilleurs copains au Central Perk, non ?
Matthew Perry en trois rôles méconnus
Babysitter de Monia Chokri (2022)
Suite à une blague sexiste devenue virale, Cédric, jeune papa, perd son emploi et va tenter de se racheter en écrivant avec son frère, Jean-Michel, un livre pour essayer de comprendre les fondements de sa misogynie. De son côté, sa femme est accablée par un post-partum sévère et n’a qu’une idée en tête, écourter ce satané congé maternité pour aller bosser. Là-dessus, surgit une babysitter au-delà des fantasmes et rien, absolument rien, ne va se passer comme le pitch pourrait le laisser penser. Le style est survolté, entre conte de fée et giallo, et chaque scène fait mouche de manière fracassante. En plus d’être follement intelligent, c’est hilarant.
Monia Chokri : « Avoir une structure où on apprend à aimer et à être aimé, c’est fondamental »La nouvelle · Nadia Tereszkiewicz : « J’ai adoré jouer cette fille qui réveille les pulsions inconscientes »
Suzume de Makoto Shinkai (2022)
La nouvelle garde de l’animation japonaise n’a de cesse de nous émerveiller. Suzume suit les pas d’une jeune fille de 17 ans qui rencontre, dans une petite ville de l’île Kyushu, un homme à la recherche d’une porte mystérieuse. Leur quête les mène dans les montagnes, mais lorsque Suzume tourne la poignée de la porte, d’autres s’ouvrent, les menant chacune à une catastrophe aux quatre coins du Japon…. Il faudra toutes les refermer. C’est un conte métaphysique éblouissant sur la fragilité des choses, un film d’animation à la beauté terrassante.