« Le Parti des choses : Bardot et Godard » de Jacques Rozier, à voir sur Arte

Ami de Jean-Luc Godard, Jacques Rozier a profité de sa présence sur le tournage du Mépris pour réaliser deux courts-métrages documentaires, dont Le Parti des choses : Bardot et Godard, où il livre une passionnante réflexion sur le cinéma et l’art plus largement. À voir gratuitement sur Arte.


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Ami de Jean-Luc Godard, Jacques Rozier a profité de sa présence sur le tournage du Mépris pour réaliser deux courts-métrages documentaires, dont Le Parti des choses : Bardot et Godard, où il livre une passionnante réflexion sur le cinéma et l’art plus largement. À voir gratuitement sur HENRI, la plateforme de la Cinémathèque française.

Capri, mai 1963. Autour de la sublime et intimidante villa Malaparte, toute l’équipe du tournage du Mépris de Jean-Luc Godard s’affaire à la fabrication du film sous un soleil de plomb. Le cinéaste Jacques Rozier (Du côté d’Oroüet), qui compte alors à son actif la réalisation de plusieurs courts et d’un long-métrage (Adieu Philippine, 1962) et est considéré comme « l’enfant terrible de la Nouvelle Vague » , observe à l’écart les interprètes de ce film qui parle magnifiquement de l’éclatement d’un couple, incarné par le regretté Michel Piccoli et la jeune Brigitte Bardot, qui est alors sur le point de définitivement forger son mythe (il lui consacrera Paparazzi, un autre court-métrage réalisé pendant ce tournage évoquant la traque de la star par les paparazzi).

Mais il braque surtout sa caméra sur son jeune réalisateur, Jean-Luc Godard, un ami rencontré quelques années auparavant, pour réaliser ce court intitulé Le Parti des choses : Bardot et Godard (diffusé en version restaurée sur la plateforme HENRI). 

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En voix-off, il y convoque L’Odyssée de Homère (dans Le Mépris, Godard imagine dans une perspective méta le tournage d’un film, adapté de l’épopée grecque et réalisé par Fritz Lang) pour mieux analyser les choix de Godard, toujours réorientés en fonction du hasard, de l’imprévu, de la nature, contre laquelle il ne sert à rien de lutter.

La scène de la crique va être difficile à tourner ? Qu’à cela ne tienne, Godard réécrit et recompose une nouvelle scène sur un paquebot. « Pourquoi ne pas avoir forcé les choses ? (…) À prendre ou à laisser. La caméra est d’abord un appareil de prises de vues. Mettre en scène c’est prendre, modestement, le parti des choses », dit Rozier. Avec lui, le spectateur s’amuse à regarder de loin, dissimulé à l’ombre des rochers, les échanges entre le vieux sage Fritz Lang (qui interprète son rôle dans le film) et le jeune « poète » fougueux qu’est alors Godard. Plus qu’un making-of, son court film livre une fascinante vision de la création.