« Quelqu’un d’extraordinaire »
D’une maîtrise formelle impressionnante pour un premier film, ce court métrage de la Québécoise Monia Chokri nous tient en haleine de bout en bout, survitaminé par le montage ultra dynamique de son compatriote Xavier Dolan. On passe de l’éclairage aveuglant d’une soirée arrosée entre Sarah, trentenaire anxieuse qui prépare sa thèse, et ses amies, à l’obscurité glaciale dans laquelle se retrouve plongée la jeune femme, seule dans une grande maison remplie de livres.
Monia Chokri : « Avoir une structure où on apprend à aimer et à être aimé, c’est fondamental »
Ce récit qui s’étend sur à peine quelques heures parvient, en seulement 28 minutes, à capter toute l’ambivalence et la complexité de la jeune doctorante – sensible dans l’intimité et acariâtre en public. Enfermée dans son statut d’éternelle étudiante, Sarah se sent de plus isolée, en décalage avec ses copines de toujours, qui parlent mariage et enfants. Ce premier court métrage préfigure le style de Chokri, dynamité par des zooms “survoltés”, au service de ce qui deviendra son passionnant thème de prédilection : les dissonances au sein des couples et des groupes.
« Simple comme Sylvain » de Monia Chokri, amour et lutte des classes
Au programme également : À l’occasion de la sortie en salle de How to Have Sex, la jeune cinéaste britannique Molly Manning Walker nous offre un retour aux sources avec November 1st (2019), un court métrage multiprimé sur lequel elle a travaillé en tant que directrice de la photographie et qui a lancé sa carrière. Et si vous voulez aussi explorer les travers d’une famille bourgeoise romaine tourmentée, composée de Michel Piccoli et Anouk Aimé – tous deux primés à Cannes pour ce film fou – profitez gratuitement du Saut dans le vide (1980) de Marco Bellocchio, dont le magistral L’Enlèvement vient de sortir en salle.