Anatomie d’une chute de Justine Triet (2023)
Une jeune femme vient interviewer une écrivaine, le mari travaille dans les combles, leur fils aveugle part promener son chien dans la neige. Mais la musique est trop forte, le jeu de Sandra Hüller indéchiffrable. Quelques instants plus tard, le mari sera retrouvé mort. Suicide ? Homicide ? Accident ? Film de procès atypique, thriller psychologique complexe et retors, portrait d’une héroïne ambiguë, le film est un peu tout cela à la fois. Abrupt, déchirant, punk, il nous rappelle que le cinéma n’a pas vocation à nous rassurer mais à nous bousculer, à nous hanter.
« Anatomie d’une chute » : tous nos articles sur la Palme d’or
House by the River de Fritz Lang (1950)
Stephen Byrne est un écrivain raté, alcoolique et volage. Un soir, alors que sa femme est absente, il tente d’embrasser leur jeune servante mais elle résiste. Pris de panique, il l’étrangle. Il demande alors à son frère de maquiller le meurtre. House by the River est un film méconnu de Fritz Lang, une pépite longtemps tenue secrète pour une question de droits. On y retrouve à la fois la précision diabolique et les grandes thématiques du cinéaste : désir, frustration, pulsions, culpabilité… La légende dit que Lang aurait lui-même été accusé du meurtre de sa femme quelques années avant de faire ce film.
Disco Boy de Giacomo Abbruzzese (2023)
L’un est un légionnaire qui fuit la Biélorussie, envoyé dans le delta du Niger pour combattre, l’autre est un jeune révolutionnaire qui rêve d’être un danseur, un « disco boy ». Leurs deux solitudes vont s’entrechoquer et leurs rêves se mêler dans la jungle. Ce film est un envoutement, une sorte de transe filmique portée par la bande son de Vitalic. Giacomo Abbruzzese sublime la rencontre de deux êtres qui ne se seraient jamais rencontrés sans les sortilèges du cinéma. C’est un film de guerre, de danse et de fantômes qui tend vers une abstraction totale. C’est beau, hallucinatoire, puissant.
Vu à la Berlinale : « Disco boy » de Giacomo Abbruzese, hanté par la nuit
La Boum de Claude Pinoteau (1980)
Faut-il vraiment une excuse pour (re)voir ce film culte des années 1980 ? Dès la première image, la bouffée de nostalgie agit comme un baume. Quelle joie de retrouver Vic (la merveilleuse Sophie Marceau), Pénélope, Poupette, les looks improbables et les parents qui s’engueulent. À sa sortie en France, cette petite comédie familiale avait été un immense succès dépassant même Star Wars, et quarante ans après, elle conserve tout son charme, le vernis vintage en plus. Et quelle satisfaction quand votre préado chantonne en boucle le tube « Reality » de Richard Sanderson pendant des jours ensuite.
Dispo sur LACINETEK, à partir de 11 ans
Raël : Le prophète des extraterrestres d’Antoine Baldassari et Alexandre Ifi (série, 2024)
Après l’obsédante Wild Wild Country, voici une série documentaire sur une autre star des gourous post new-âge des années 1970 : Raël. Une plongée en 4 épisodes dans l’univers de ce chanteur raté qui se présentait en porte-parole des Elohims (extraterrestres qui seraient nos créateurs) et qui continue, cinquante ans après, malgré les innombrables scandales, à avoir des adeptes. Au-delà des thématiques de l’emprise, du charlatanisme et des scandales sexuels inhérents à tout mouvement sectaire, la série passionne car elle confronte les regards d’adeptes et d’anciens adeptes. À Binger.
Le Diable s’habille en Prada de David Frankel (2006)
Une jeune ingénue érudite et mal fagotée (Anne Hathaway) devient assistante de la rédactrice en chef star d’un magazine de mode (Meryl Streep). Le vilain petit canard va traverser de nombreuses épreuves avant de se muer en cygne super bien fringué tout en gardant un cœur d’or. Inspirée par le livre d’une ancienne assistante d’Anna Wintour, Le diable s’habille en Prada est une joyeuse satire du monde de la mode servie par un casting exceptionnel. S’il ne recule devant aucune perfidie hilarante, David Frankel nous livre en creux un sublime portrait de femmes au travail.