Aftersun de Charlotte Wells (2022)
Avec une tristesse infinie, une jeune femme se remémore le dernier été passé avec son père, vingt ans plus tôt. Les flashs de souvenirs heureux teintés d’une menace sourde s’entremêlent avec délicatesse et l’émotion surgit, comme un chagrin d’enfant inconsolable. Il faut prévoir des mouchoirs. Que pleure-t-on devant ce premier film gracieux de Charlotte Wells ? Ses propres fantômes, l’exil de l’enfance, l’indicible.
« Aftersun » de Charlotte Wells : hier encore
The Killer de David Fincher (2023)
L’œuvre est radicale, métallique, mal aimable. David Fincher nous invite dans le quotidien austère d’un tueur à gages. Sur la forme, le film se présente comme un petit film de vengeance tendance série B molle, mais c’est sans compter sur le talent du réalisateur de Seven et Fight Club qui pervertit le genre en déployant toute sa maestria maniaque. Pour ne rien gâcher, Michael Fassbender prête ses traits anguleux et son magnétisme au tueur. Pourquoi s’en priver ?
David Fincher à la Cinémathèque : « Sur un tournage, on est essentiellement en train d’éviter la catastrophe »Vu à Venise 2023 : David Fincher touche sa cible avec son cinglant « The Killer »
La Femme sur la lune de Fritz Lang (1929)
Un homme convaincu qu’il y a de l’or sur la Lune organise une expédition et embarque avec lui un équipage mal assorti : un ingénieur et sa femme Friede (dont il est amoureux en secret), un vieux scientifique, un jeune garçon et un affairiste louche. La Femme sur la lune est à la fois une lettre d’adieu déchirante au cinéma muet et un film précurseur aussi important que Metropolis. Précurseur parce qu’il invente, par exemple, le principe du compte à rebours comme mécanique de suspense, mais aussi parce qu’il a compris avant tout le monde que la guerre des étoiles serait un enjeu politique plus que scientifique.
La Secrétaire de Steven Shainberg (2002)
Une jeune femme gauche et fragile vient solliciter un emploi auprès d’un avocat arrogant. Elle vient de sortir de l’hôpital psychiatrique pour des tendances à l’automutilation, n’a pas de réelles qualifications mais contre toute attente, il l’embauche. Entre deux allers-retours à la machine à café, une relation sadomasochiste torride va se nouer entre les deux et devenir, peu à peu, une grande histoire d’amour, très loin des clichés du genre. Cette romcom déviante est un petit bijou méconnu, à la fois drôle, sulfureux et bouleversant – et le charme étrange de et James Spader emporte tout sur son passage.
Interdit aux moins de 12 ans
Pleasure de Ninja Thyberg (2021)
« Pleasure » : dans les coulisses de l’industrie du porno
Il ne faut pas se fier à ses couleurs sucrées. Pleasure est un premier film brutal et redoutablement documenté. A travers la succes story d’une jeune Suédoise partie faire carrière dans le X à Los Angeles, Ninja Thyberg révèle les coulisses d’un milieu ultra libéral et viscéralement patriarcal. Le film est par instant insoutenable, mais rien n’est jamais gratuit. Les scènes de sexe sont filmées avec une grande délicatesse. C’est fort, ludique, peut-être le meilleur film sur le X jamais réalisé.
Interdit aux moins de 16 ans
The Curse de Nathan Fielder et Benny Safdie (série, 2023)
Si tu aimes les ovnis, ça sera Noël avant l’heure ! Au programme de cette mini-série satirique : greenwashing, gentrification, malédiction, le tout dans un vertige de malaise hilarant. Suivi 24h/24 par un réalisateur qui tente de les transformer en vedettes de téléréalité, un couple de hipsters aux dents longues, Emma Stone et Nathan Fielder, jouent aux « gentils sauveurs blancs » dans un bourgade défavorisée du Nouveau Mexique. Mais tout va déraper quand une fillette jette un sort au mari…
