La plus girl power : Britney sans filtre (Arte, une saison)
Visage juvénile du Mickey Mouse Club, princesse trash affolant les paparazzis… La queen de la pop a cristallisé les passions et les névroses américaines. En cinq épisodes, cette série ludique et efficace de Jeanne Burel déploie les contradictions de celle qui fut d’abord adulée comme une icône virginale, avant d’être broyée par la machine médiatique, jusqu’à déclencher le hashtag #FreeBritney. Derrière les frasques et les abus, la fascination morbide pour la figure de la star, l’obsession pour la beauté, la réalisatrice pointe surtout du doigt la toile d’araignée médiatique, professionnelle et intime tissée autour de celle qui, malgré sa célébrité, ressemble à tant de femmes abusées.
A voir sur Arte jusqu’au 17/11/2027
La plus brève mais intense : Amours solitaires (France TV, deux saisons)
Qui a dit que le SMS était une passion triste ? A l’heure où l’on fustige la trop grande place du digital dans les relations, cette mini-série en deux saisons prouve que le texting sentimental vaut parfois bien des tirades shakespeariennes. Puisés dans les échanges réels d’internautes anonymes compilés sur le compte Instagram Amours solitaires par Morgane Ortin, ces mots doux et crus dessinent la sexualité et l’affect d’une génération de millenials qui écoute ses fragilités et en fait une force. C’est malin, enlevé, parfois cru mais toujours empathique. Tout ce dont l’époque a besoin.
A voir sur Arte jusqu’au 23/03/2026
La plus immersive : Vigil (Arte, deux saisons)
Quoi de plus cinématographique qu’un sous-marin ? Le huis clos asphyxiant, les enjeux géopolitiques, la promiscuité des relations sont autant de gimmicks narratifs que cette série british exploite avec brio, pour raconter la descente en eaux troubles d’une policière écossaise (Suranne Jones) chargée d’enquêter, à bord d’un sous-marin nucléaire britannique, sur la mort d’un membre de l’équipage. La métaphore filée de la série – une héroïne plonge dans un monde d’hommes et affronte ses propres douleurs psychiques – n’a rien de révolutionnaire. Mais elle repose entièrement sur le talent de son interprète, découverte dans le génial thriller domestique Dr Foster – ici en flic intraitable et borderline, parano et à vif.
A voir sur Arte jusqu’au 01/04/2025
La plus british : In My Skin (Arte, deux saisons)
L’histoire de la série l’a prouvée : les showrunners venus de Grande-Bretagne sont les plus doués pour allier réalisme social et humour trash (Misfits, Skins, Killing Eve, Fleabag, Mum…). Démonstration à nouveau faite avec cette série galloise créée par Kayleigh Llewellyn, portée par une ado originaire de Cardiff. Bethan (Gabrielle Creevy) est désinvolte, truculente et espiègle – elle en veut à la vie. Et pour cause : avec une mère bipolaire et un père alcoolique en guise de modèles, l’ado encaisse les tempêtes non sans furie. Chronique à vif d’un déclassement social, exploration lumineuse d’une sexualité lesbienne toujours arrimée à son personnage : In My Skin pose Kayleigh Llewellyn comme une showrunneuse à suivre de près.
A voir sur Arte jusqu’au 14/01/2026
La plus ambitieuse : Guerre et paix (Arte, une saison)
En 1805, alors que Napoléon envahit l’Autriche, poussant la Russie à déclarer la guerre à la France, trois jeunes aristocrates russes affrontent les splendeurs et les déboires de l’amour. Il fallait le génie d’Andrew Davies (scénariste d’Orgueil et préjugés) et Tom Harper (This is England, Peaky Blinders) pour adapter cette fresque de Tolstoï (plus de 1800 pages), à la fois baroque et décadente, sur la haute société russe. Spectaculaire et intimiste, la série produite par BBC brille par ses interprètes – Paul Dano, James Norton et Lily James – dont les tourments sont tout aussi bien détaillés que les scènes de bataille.