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Les 20 films de 2020 qu’on attend le plus
- Emilio Meslet et Léa André Sarreau
- 2019-12-13
Un thriller écologique signé Todd Haynes, Virginie Efira en nonne sulfureuse dans Benedetta, une horde zombies avec Peninsula, Adam Driver qui pousse la chansonnette dans Annette… L’année 2020 s’annonce comme très séduisante et éclectique. On vous parle des films qu’on attend le plus.
Les Quatre Filles du Docteur March de Greta Gerwig (1er janvier)
En 2018, Greta Gerwig épatait avec Lady Bird (2018), son premier film – un portrait drôle, moderne et sensible d’une jeune américaine au sortir de l’adolescence. On devrait retrouver cette quête de liberté et cette douceur amère dans son deuxième long-métrage Les Quatre Filles du Docteur March, adaptation du classique de Louisa May Alcott (1868). Avec sa patte résolument féministe, Greta Gerwig racontera le parcours de quatre sœurs jouées par Saoirse Ronan, Florence Pugh, Emma Watson et Eliza Scanlen pendant la guerre de Sécession, coincées entre le patriarcat et leur désir d’émancipation. La presse américaine est déjà séduite, et nous, on ne demande qu’à être conquis !
Adoration de Fabrice du Welz (22 janvier)
Spécialiste du film de genre dérangeant (on se souvient notamment de Calvaire, fable glauque sur un chanteur de maison de retraite séquestré par un aubergiste), le réalisateur belge revient cette année avec Adoration, une histoire d’amour en pleine forêt entre un ado et une jeune patiente internée en hôpital psychiatrique. Entre naturalisme et exercice de style à la Gaspar Noé, le film promet une expérience étrange et inquiétante. En plus, Benoît Poelvoorde sera de la partie.
Dark Waters de Todd Haynes (26 février)
On connaissait Todd Haynes (Carol, Loin du paradis) comme maître du mélodrame éthéré bien ancré dans les fifties. Avec Dark Waters, le cinéaste américain change de cap pour s’aventurer dans le thriller, à mi-chemin entre Spotlight de Tom McCarthy et Erin Brockovich de Steven Soderbergh. Mark Ruffalo sera Robert Bilott, avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques qui, à ses risques et périls, dénonce le scandale écologique qui pollue une rivière. Reste maintenant à savoir si ce virage réaliste et sombre de Todd Haynes fonctionne, mais on n’est pas trop inquiets !
Radioactive de Marjane Satrapi (11 mars)
Après un film d’animation autobiographique (Persepolis) et une comédie gore et cartoonesque (The Voices), Marjane Satrapi se lance dans un biopic aux couleurs très fluo. Celui de l’immense Marie Curie, physicienne franco-polonaise qui fut la première femme à devenir lauréate de deux Prix Nobel : d’abord de physique en 1903, pour ses recherches sur les radiations, puis de chimie en 1911, pour ses travaux sur le polonium et le radium. Sa vie hors norme est racontée pour la première fois en anglais, avec Rosamund Pike dans le rôle-titre. Alors, bien sûr, on est intrigués.
Mourir peut attendre de Cary Fukunaga (8 avril)
Parti couler des jours heureux en Jamaïque avec Madeleine Swann (Léa Seydoux), James Bond est contraint de sortir de sa retraite pour sauver un scientifique kidnappé par un nouveau grand méchant (Rami Malek). Pour sa dernière dans la peau de 007, Daniel Craig devrait se voir offrir, dans Mourir peut attendre, un final en apothéose, tout en donnant un coup de jeune à la franchise. Depuis que Craig est James Bond, un opus sur deux est réussi. Le dernier volet, Spectre, était à certains égards raté, alors celui-ci devrait logiquement atteindre des sommets !
Le sel des larmes de Philippe Garrel (8 avril)
Après L’ombre des femmes et L’Amant d’un jour, Philippe Garrel poursuit sa peinture pointilliste des sentiments avec Le Sel des larmes, sur un jeune provincial monté à Paris, qui hésite entre plusieurs amours et entretient une relation tumultueuse avec son père. Alors oui, on a le sentiment que Philippe Garrel fait le même film depuis 20 ans. Mais les infimes variations de l’âme qu’il introduit dans chacun d’eux, et la pudeur de sa mise en scène justifient qu’il soit dans ce top.
Adolescentes de Sébastien Lifshitz (29 avril)
Après Bambi, sublime court-métrage sur la meneuse de revue trans Marie-Pierre Pruvot, et Les Vies de Thérèse, documentaire consacré à la militante LGBTQ Thérèse Clerc, Sébastien Lifshitz revient avec une chronique délicate qui épouse sur cinq ans la vie de deux amies inséparables que tout oppose, Anaïs et Emma. Un documentaire au long cours, dont on sait – car on a déjà eu la chance de le découvrir au FIFIB – qu’il cristallise les thèmes chéris du réalisateur : la transformation inquiète des corps, la découverte des émois amoureux et sexuels et la prise de conscience des fractures sociales.
La femme à la fenêtre de Joe Wright (20 mai)
Variation féminine autour du huis clos Fenêtre sur cour d’Hitchcock, le nouveau thriller du réalisateur anglais mettra en scène Amy Adams dans le rôle d’une psychologue pour enfants agoraphobe, qui découvre un drame en espionnant ses nouveaux voisins (Julianne Moore et Gary Oldman). Le style classique toujours très soigné (pompeux diront ses détracteurs) de Joe Wright et son écriture fouillée, marquée par son sens de l’analyse psychologique, devraient faire de ce thriller un beau (bien que très sage) divertissement.
King of Staten Island de Judd Apatow (19 juin)
Le premier long-métrage de Judd Apatow, 40 ans toujours puceau, était un coup de maître hilarant et intelligent. Depuis, on guette ses nouveaux projets comme le Saint-Graal. Le roi de la comédie US potache et irrévérencieuse reviendra en 2020 avec un film inspiré de la vie de Pete Davidson (aussi co-scénariste), star du Saturday Night Live qui a perdu son père pompier dans les attentats du 11 septembre. Au casting : Marisa Tomei, Pamela Adlon, Jimmy Tatro, Steve Buscemi, Bel Powley et Bill Burr.
Tenet de Christopher Nolan (22 juillet)
Depuis Memento (2000), Christopher Nolan aime jouer avec notre cerveau (et nos nerfs). Son prochain film, dont l’énigmatique palindrome qui lui sert de titre Tenet nous donne déjà mal à la tête, en est peut-être la nouvelle preuve. Nolan aura traversé la décennie 2010 en roi du blockbuster d’auteur (Inception, The Dark Knight Rises, Interstellar, Dunkerque) et commencera les années 2020 avec un film d’espionnage, inspiré par La mort aux trousses d’Alfred Hitchcock. Robert Pattinson tiendra le premier rôle aux côtés de John David Washington, Elizabeth Debicki et Kenneth Branagh. Comme à son habitude, Nolan cultive le secret sur son dixième long-métrage, dont on ne sait donc pas grand-chose. Et c’est bien pour ça qu’on l’attend de pied ferme !
Peninsula de Yeon Sang-ho (12 août)
On pensait avoir largement fait le tour du film de zombies mais, en 2016, Yeon Sang-ho a débarqué à Cannes avec Dernier Train pour Busan. Par une mise en scène aussi spectaculaire que précise, le cinéaste coréen modernisait le genre tout en revenant à sa thématique originelle : la lutte des classes. L’été prochain, nous découvrirons, dans Peninsula, ce que sont devenues Sung-Gyeong, enceinte, et la jeune Soo-An, seules rescapées de ce train de l’enfer, une fois arrivées dans le refuge de Busan. Et, comme son compatriote Bong Joon-ho, Yeon Sang-ho pourra continuer à ausculter la société sud-coréenne…
Dune de Denis Villeneuve (23 décembre)
Dans une récente interview, Oscar Isaac – qui jouera le Duc Leto Atréides aux côtés de Timothée Chalamet et Rebecca Ferguson – nous mettait l’eau à la bouche en promettant un Dune « choquant », « viscéral » et « effrayant ». Des propos d’autant plus alléchants quand on connait le talent, déjà éprouvé sur Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve pour donner du sens à un blockbuster. Mais le défi est de taille : le roman de Frank Herbert a longtemps été décrit comme inadaptable au cinéma. Les tentatives de David Lynch, boudé par le public et la critique, et d’Alejandro Jodorowsky, dont le film n’a jamais pu être produit, en témoignent.
Annette de Leos Carax (date de sortie inconnue)
Le grand retour de Leos Carax après huit ans d’absence et le magnifique Holy Motors a de quoi faire nous mettre en joie. Une comédie musicale lyrique avec Adam Driver et Marion Cotillard, une bande-originale signée par le meilleur groupe de rock du monde (les Sparks), un scénario improbable et poétique (l’histoire d’un couple hollywoodien et de leur fille dotée d’un mystérieux don) : Annette a tout pour nous faire pousser la chansonnette.
Benedetta de Paul Verhoeven (date de sortie inconnue)
Le temps de remiser son goût de l’obscène et du corrosif au placard n’est pas encore arrivé pour Paul Verhoeven. Et c’est tant mieux ! En 2020, le réalisateur hollandais continuera de questionner la morale dans Benedettaoù il retrouvera Virginie Efira qu’il a déjà dirigé dans Elle (2016). L’actrice belge incarnera une nonne dont la capacité à réaliser des miracles bouleversera la vie du couvent. La première affiche subversive donne le ton :
Bergman Island de Mia Hanen-Løve (date de sortie inconnue)
La célèbre île de Fårö, refuge d’Ingmar Bergman, n’en finit pas d’inspirer le cinéma français. Après Justine Triet pour Sibyl, c’est au tour de Mia Hansen-Løve d’y poser sa caméra pour raconter l’histoire d’un couple de cinéastes américaines (Vicky Krieps et Mia Wasikowska) venu y écrire leur nouveau film. Un mélo à l’intrigue méta dans lequel les personnages vont peu à peu confondre réalité et fiction, et dont on guette la date de sortie avec impatience.
Bernadette a disparu de Richard Linklater (date de sortie inconnue)
En Bob Dylan dans I’m Not There de Todd Haynes ou en bourgeoise dépressive dans Blue Jasmine de Woody Allen, Cate Blanchett excelle à jouer des personnages faussement sages qui dissimulent leurs troubles. Ça tombe bien : Richard Linklater lui a confié le rôle-titre de son dernier film, l’histoire d’une mère de famille exemplaire qui s’évapore dans la nature du jour au lendemain, et dont la fille (Emma Neslon) va déterrer les secrets. Grosse attente autour de ce qu’on annonce comme un feel-good movie qui, connaissant Linklater, sera certainement plus profond qu’il n’y paraît.
Mandibules de Quentin Dupieux (date de sortie inconnue)
Deux potes un peu simplets trouvent une mouche dans le coffre de leur voiture et décident de la domestiquer pour se faire de l’argent. Non, ce n’est pas une parodie bizarre de La Mouche de David Cronenberg, mais le pitch de la prochaine comédie animalière de Quentin Dupieux, qui réunit à peu près tout le gratin du cinéma français (Grégoire Ludig, David Marsais, Adèle Exarchopoulos, India Hair, Anaïs Demoustier) et un outsider de la planète rap : Roméo Elvis. Une histoire d’insecte qui risque de faire mouche.
Mektoub, My Love : Intermezzo et Mektoub, My Love : Canto Due d’Abdellatif Kechiche (date de sortie inconnue)
Deux Kechiche pour le prix d’un. L’année 2020 testera donc nos limites. Déjà avec Canto Uno (2018), le cinéaste poussait les spectateurs dans leurs retranchements. Le décrié Intermezzo, qui devrait sortir en début d’année, s’annonce comme un geste de cinéma encore plus radical. Soit une virée de quatre heures en boîte de nuit qui a donné lieu à de nombreux débats sur le male gaze et sur les conditions du tournage lors de sa présentation au dernier Festival de Cannes. On devrait aussi retrouver la bande de copains dans un cadre narratif plus classique, pour Mektoub, My Love : Canto Due, qui pourrait être prêt de la prochaine Berlinale.
Memoria d’Apichatpong Weerasethakul (date de sortie inconnue)
Décidé à quitter sa forêt thaïlandaise, où il a tourné en toute confidentialité ses précédents opus oniriques, le réalisateur a migré en Colombie pour filmer Memoria, l’histoire d’une botaniste (Tilda Swinton) venue rendre visite à sa sœur malade à Bogotá, et qui rencontre une architecte française (Jeanne Balibar). Cette expatriation ne l’empêchera pas d’évoquer ses obsessions fétiches, puisque le film devrait mélanger saillies expérimentales et état des lieux politique de la Colombie contemporaine.
The French Dispatch de Wes Anderson (date de sortie inconnue)
Quand Wes Anderson écrit une « lettre d’amour aux journalistes » qui s’appelle The French Dispatch, on a forcément envie de la lire. On sait qu’on sera nécessairement surpris tout en retrouvant tout ce qu’on adore chez lui : un casting dément (Tilda Swinton, Bill Murray, Kate Winslet, Denis Ménochet, Willem Dafoe), des personnages loufoques, des sublimes décors en carton-pâte et des cadres d’une parfaite symétrie. Cette fois, Wes Anderson se fera plus politique que jamais en racontant l’histoire d’un reporter américain installé en France qui se bat pour écrire ce qu’il veut.
Image : Les Quatre Filles du Docteur March de Greta Gerwig / Le sel des larmes de Philippe Garrel / Benedetta de Paul Verhoeven