« J’ai découvert mon homosexualité sur le tard, j’avais 13 ans. J’aurais pu la découvrir bien avant, c’est juste que je ne connaissais pas le concept. J’étais en école primaire très catho. Je sentais que quelque chose chez moi n’était pas comme mes potes, je ne savais pas quoi. Dès que j’ai découvert le concept d’homosexualité, j’ai compris que c’était à ça que je m’identifiais. Vers 13-14 ans, Buffy [Joss Whedon, 1997-2003, ndlr] a joué un énorme rôle dans cette découverte. C’est avec le personnage de Spike que je me suis rendu compte que j’étais pédé. Ça reste le personnage que je trouve le plus sexy au monde – avec Michael Fassbender. Je me suis dit « Ah ouais, en fait, ce que je ressens pour Spike, c’est pas juste que j’aimerais être lui, mais être avec lui ».
Juste après, j’ai vu Le Secret de Brokeback Mountain [Ang Lee, 2005, ndlr]. C’est la première fois que je voyais sur grand écran deux mecs qui s’emballaient. Je l’ai vu dans un cinéma d’art et essai à Toulouse avec ma mère. Elle n’était pas du tout au courant à cette époque parce que je découvrais moi même un peu ce qui se passait. J’en ai parlé à absolument personne, surtout parce que je ne comprenais pas exactement pourquoi ça me remuait autant. Je me rappelle avoir versé toutes les larmes de mon corps – c’est pas une histoire joyeuse, un des deux mecs se fait buter parce qu’il est pédé. Je pense qu’inconsciemment, je me suis dit « Ah merde, je suis né pour mourir de façon violente ». C’était une désillusion sur la suite de ma vie. Mais en même temps, c’était hot as fuck, parce que les deux [Jake Gyllenhaal et Heath Ledger, ndlr] sont quand même hot comme pas possible et que les scènes où ils se galochent à n’en plus pouvoir, c’était même pas homoérotique. Pour moi, c’était du full porn.
Le Secret de Brokeback Mountain d’Ang Lee (c) Pathé Distribution
Ensuite, j’ai souvent vu des histoires de pédés qui meurent, soit parce qu’ils sont tués, soit à cause du sida. J’ai vu très tôt la mini-série Angels in America [Mike Nichols, 2003, ndlr]. Pareil, c’est une histoire horriblement triste, mais ça m’avait aussi beaucoup marqué. Il n’y a même pas une dizaine d’années, j’ai appris l’existence du terme « Bury your gays », un trope selon lequel dès qu’on met un personnage appartenant à la communauté LGBTQIA+ dans une série, c’est pour le tuer. C’est là que j’ai compris que c’était un vrai truc. Parce qu’à nouveau, la première image qui m’a marqué très fortement, c’est donc Brokeback Mountain. Depuis, je refuse de regarder des séries ou des films en ce sens. Même ce film apparemment magnifique qui vient de sortir, Sans jamais nous connaître. Si c’est pour voir des pédés mourir du sida… c’est plus la peine.
Les représentations positives, c’est arrivé un petit peu plus sur le tard avec des séries comme True Blood [Brian Buckner, Alan Ball, Mark Hudis, 2008-2014, ndlr] ou Grey’s Anatomy [Shonda Rhimes, depuis 2005, ndlr]. Dans True Blood, il y a un personnage gay ultra flamboyant [Lafayette, ndlr], mais aussi des scènes fantasmées entre le frère de l’héroïne et un vampire, si je ne m’abuse. Aujourd’hui, il y a quand même pas mal de personnages pédés un peu partout. Je reste un fanatique absolu de Grey’s Anatomy, qui intègre souvent des personnages de la communauté LGBTQIA+ dans l’intrigue et c’est un non-sujet. C’est juste comme ça. Il leur arrive des choses qui arrivent à absolument tout le monde. »
: Le Bingo Drag de Minima Gesté
Les dimanches de 18h à 23h55, entrée libre