QUEER GUEST est une série d’articles issue de le cinéma LGBTQ+ raconté par la journaliste Timé Zoppé.
« Mon grand frère a une passion pour les VHS. Quand on était jeunes, il avait enregistré sur une chaîne assez cinéphile Le Portrait de Dorian Gray [la version d’Albert Lewin, sortie en 1945, ndlr], parce qu’il devait étudier Oscar Wilde. Je crois que c’était la première version, en noir et blanc. A l’époque, il n’y avait pas de lesbiennes au cinéma. En tout cas, moi je n’en ai pas vues avant l’âge de 17 ans au moins. Je ne savais pas que ça pouvait exister, ni quelle gueule ça pouvait avoir, une lesbienne, à part celle d’une reprise de justice suicidaire – en gros. Ça m’effrayait un peu.
J’ai donc vu Le Portrait de Dorian Gray et après Maurice de James Ivory [sorti en 1987, ndlr]. Donc des films gays mecs. Je les ai matés de manière compulsive avec cette VHS, genre 4000 fois. Ça inquiétait mon frère. Je voyais qu’il se disait « Mais pourquoi elle fait ça, elle a 10 ans ?? » Moi-même, je ne savais pas. J’étais obsédée par ces films, mais sans comprendre. Dans Le Portrait de Dorian Gray, l’homosexualité est crypto.
A l’adolescence, j’ai évidemment développé un tropisme pour le dandysme. Mon rêve, c’était d’aller dans un collège anglais pour garçons. Bizarre. Je voulais absolument parler anglais avec un accent posh, je trouvais que c’était le truc le plus cool du monde – et je le trouve encore. »
Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 16 au 27 mai 2023.
CANNES 2023 · « Simple comme Sylvain » de Monia Chokri, amour et lutte des classes