Après le générique de la série Marvel Secret Invasion, dont nous vous avions parlé ici, le film d’horreur Late Night With the Devil (encore inédit en France) a fait les frais de son utilisation des I.A., en particulier sur les réseaux sociaux.
I.A. QUOI ? · Marvel contre l’humanité
Face à l’emballement du public, les deux réalisateurs du film, Colin et Cameron Cairnes, ont tenté de se dédouaner en rappelant que l’I.A. générative n’avait été exploitée que pour quelques images fixes, retouchées et montées par leur équipe. On peut se féliciter de la vigilance des spectateurs vis-à-vis d’une technologie dont personne n’a encore les moyens de mesurer l’impact. Mais cette défiance ne risque-t-elle pas de créer un tabou ? Et le tabou de l’I.A. ne risque-t-il pas de devenir dommageable, en nous empêchant de nous confronter à la réalité du terrain ?
Même si les cinéastes comme les producteurs refusent de l’admettre, l’I.A. est déjà bel et bien utilisée dans la production audiovisuelle. Ainsi, ces outils sont, a minima, installés durablement dans tous les métiers de la postproduction, du montage à l’étalonnage en passant par le mixage et, bien entendu, les effets spéciaux visuels.
La société Double Negative par exemple, qui signe la majorité des plans truqués des films de Christopher Nolan depuis Batman Begins, vient de faire une levée de fond de 200 millions de $ pour accélérer l’implantation de l’I.A. dans son mode opératoire.
Et l’ancien président de la société néozélandaise Weta Digital (Le Seigneur des Anneaux et une tripotée de Marvel), a rejoint Stability AI qui se trouve désormais, selon lui, « dans une position idéale pour être le fer de lance d’une convergence entre l’IA générative et les productions des grands studios. »
Ainsi, un récent article du Hollywood Reporter lève le voile, en partie, sur la véritable utilisation de l’I.A. au cinéma. Un vétéran du secteur admet à cette occasion qu’« il y a des tonnes de personnes qui exploitent l’I.A., mais ils ne peuvent pas l’admettre publiquement. (…) C’est un problème de communication plus que de technologie aujourd’hui ». Et ce constat ne se limite pas au seul cinéma : une étude récente a révélé que plus d’un quart des producteurs musicaux avaient déjà recours à l’I.A.
Et c’est là que l’opprobre dont le grand public couvre l’I.A. pourrait devenir nocive. Un tabou est rarement souhaitable au long terme : en cachant la vérité, voire en niant le caractère inéluctable de cette évolution technologique, les vrais problèmes soulevés par ces outils pourraient ne pas être posément étudiés et, si nécessaire, contrecarrés.
I.A. Playlist
Le président de Nintendo, Shuntaro Furukawa, a pris une position claire sur les I.A. génératives lors d’une rencontre avec les investisseurs : « Même si nous sommes ouverts à l’utilisation des derniers développements technologiques, nous nous efforcerons de continuer à offrir une valeur unique à Nintendo, qui ne peut être créée par la seule technologie. »
Dans cette interview accordée au New Yorker, Nicolas Cage fait part de ses craintes vis-à-vis de l’I.A. : « C’est vraiment effrayant.(…) Et cela m’amène à me demander où finira la vérité des artistes ? Va-t-elle être remplacée ? Où sera le battement de cœur ? Que ferez-vous de mon corps et de mon visage quand je serai mort ? ».
Le secret de l’entrainement des modèles d’I.A. génératives révélé dans cet article du monde et grâce au travail de la société franco-américaine Hugging Face.
La société Cloud Flare aurait mis en place un outil qui permet de prémunir les créateurs de voir leurs œuvres postées sur le web utilisées pour nourrir les I.A.
Image : Late Night with the Devil © Roger Ebert