I.A. QUOI ? Les menaces et les espoirs de l’I.Animation

L’édito de Julien Dupuy. En marge des générateurs d’images ou de textes, quantité de nouveaux outils basés sur l’I.A. apparaissent chaque semaine pour créer, avec une facilité confondante, des images de synthèse qui pourraient figurer dans un jeu vidéo ou un film d’animation.


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C’est le cas de En3D, un programme chinois qui, à partir de modèles en 2D, conçoit des personnages en 3D. Le générateur « Text-To-Motion » MotionGPT permet pour sa part, à partir d’un simple prompt, de produire un modèle d’humain effectuant tous les mouvements imaginables (ou presque). Enfin, l’impressionnant Meshy produit carrément des modèles en 3D à partir d’un court texte.

Ces évolutions n’ont évidemment pas échappé aux acteurs de l’industrie du divertissement, le jeu vidéo et l’animation en tête. Ainsi, le studio Toonstar s’apprête à lancer son propre département basé sur l’animation assistée par I.A., en démarchant de jeunes artistes qui se sont illustrés avec ces outils sur Internet. La formule s’est déjà avérée payante avec StEvEn & Parker inspirée par les vidéos TikTok de Parker James.

Gros succès sur YouTube, cette série d’animation est produite avec les outils I.A. de la compagnie qui, selon ses porte-paroles, parvient à produire ces épisodes « 80% plus rapidement, et 90% plus économiquement que la concurrence ». Des chiffres qui peuvent faire froid dans le dos quand on voit que, parallèlement, Pixar vient de licencier une partie de ses effectifs. Difficile de ne pas y voir un effet de cause à effet.

Et pourtant cette évolution de l’animation numérique est-elle vraiment une aberration ? Il est intéressant ici de remettre en perspective l’histoire du médium. En 1982, lors de la conception de Tron, film précurseur dans l’utilisation d’image de synthèse, les animateurs n’avaient ni logiciel d’animation, ni souris et encore moins de tablette graphique. C’était en tapant des coordonnées qu’ils animaient, par exemple, les véhicules que pilotent les héros de ce film culte. Il fallait ainsi taper 600 chiffres pour obtenir 4 secondes de film ! 

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Tron de Steven Lisberger (1982)

Durant les années qui ont suivi, tous les studios, Pixar en tête, se sont échinés à faciliter le travail des animateurs en leur offrant des outils ergonomiques, autrement dit partiellement automatisés grâce à ce qui relevait déjà de l’I.A. Et si la totalité des mouvements des personnages étaient le fruit du travail des animateurs, certaines portions des stars du studio étaient gérées directement par des logiciels. C’est le cas, par exemple, de la fourrure de Sully dans Monstres & Cie ou des ballons qui embarquent la maison du vieux Carl dans Là-Haut. Autrement dit, l’automatisation a toujours été là pour décharger les créatifs de la lourdeur de la technologie.

Évidemment, il est primordial de rester vigilant sur le risque de paupérisation qui menace les secteurs du jeu vidéo et de l’animation. Et en même temps, il est difficile de donner tord à Luisa Huang, la présidente de Toonstar, quand elle déclare que « Traditionnellement, l’animation est un médium extrêmement excitant, mais qui demande beaucoup de temps et d’argent. À cause de ses coûts et de ses délais de fabrication, elle était limitée trop souvent à de très gros budgets. » Autrement dit, en facilitant l’accès à l’image de synthèse, il serait possible d’élargir le champ des possibles économiques et artistiques du cinéma d’animation quand bien même, c’est une triste certitude, il y aura assurément des abus.

EN + Une démo de Presto, l’un des logiciels d’animation mis en place par Pixar à l’époque de Rebelle.

EN + Si vous voulez en savoir plus sur le calvaire des pionniers de l’image de synthèse, ne loupez pas les deux premières parties du documentaire Digital Pioneers sur la chaine française CGM.

I.A. Playlist

Pour célébrer les 50 ans de l’album Dark Side of the Moon, l’artiste I.A. Eugene YK Chung a conçu un clip à l’aide de l’I.A.

Mathieu Crucq, le journaliste Thomas Huchon et l’avatar de ce dernier vont concevoir une série de vidéos pour démonter les fake news. Ce projet est lancé avec cette impressionnante vidéo making of.

Image2SFX est un générateur I.A. proposant de créer des bruitages à partir de simples images.

Un article passionnant de Courrier International sur les travailleurs de l’ombre des I.A.

Photo de couverture : Monstres et Cie (c) Walt Disney Studios Motion Pictures