On a retrouvé un court entretien dans lequel l’inoubliable interprète des Nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer et du Pont du Nord de Jacques Rivette évoque son image et sa personnalité, à coups de phrases laconiques prononcées de sa caractéristique voix pointue, de silences éloquents et de poses mystérieuses.
Face à un journaliste Pierre-André Boutang, qui l’interroge à la troisième personne, avec des formules toutes faites, elle oppose une attitude discrètement frondeuse, revendiquant toujours la nuance, l’ambivalence. Morceaux choisis :
« Est-ce que Pascale Ogier, c’est le prototype de la jeune fille, jeune femme d’aujourd’hui ?
– Je ne sais pas, parce qu’en même temps, comme on m’accuse d’avoir un côté très désuet… ça m’amuse beaucoup. »
« Est-ce qu’on se sent plus près de l’enfance ou plus près de l’âge adulte ?
– C’est comme le personnage de Rohmer, moi je me sens complètement au milieu.
– Avec l’envie de pencher d’un côté ?
– Non. »
« J’aime penser qu’il va y avoir l’an 2000.
– Enthousiaste, mais pas inquiète ?
– Bien sûr que si, je suis inquiète, mais je suis complètement enthousiaste aussi. C’est même physique, je veux dire. »
Progressivement agacée par les questions monolithiques et binaires du journaliste, elle finit par s’animer et par revendiquer le plaisir de changer d’identités, de s’amuser, à commencer par les « danses sabbatiques » que l’on peut faire devant son miroir en s’habillant le matin, « pour se préparer à l’aventure de la journée. Toujours pour de nouvelles aventures. »
Un plaisir communicatif, qu’elle avait insufflé à Rohmer, notamment pour mettre en scène les séquences de fête dans Les Nuits de la pleine lune, à lui qui ne connaissait rien à l’ambiance des soirées. C’est peut-être après ça que le grand réalisateur de la Nouvelle Vague s’est mis à s’enjailler sur la piste, comme ceci.