Un road-trip dans l’Amérique des années 1950 par Jordan Peele, l’ultime saison du polar allemand Dark, la nouvelle série puissante de Michaela Coel sur le consentement… Petit tour d’horizon des séries en vue pour cet été.
Tu préfères, à partir du 29 juin sur Arte
« Tu préfères faire un taff que t’aimes bien de ouf et gagner un SMIC ou avoir 10 000 euros par mois et faire un taff de merde? » Au milieu des tours écrasantes de la Place des Fêtes, quartier populaire du XIXe arrondissement de Paris où ils ont grandi, Shaï, Djeneba, Aladi et Ismaël, 16 ans, ont transformé ce célèbre dilemme cornélien en jeu quotidien, source de punchlines aiguisées et de fous rires innocents. Mais alors que des choix d’adultes menacent de séparer leur chemin, ce jeu prend des allures de questionnements existentiels… De SKAM France à Sex Education en passant par Euphoria, on ne compte plus les shows dédiés aux turbulences adolescentes, plus ou moins cruelles ou drôles, qui régalent les scénaristes. Réalisée par Lise Akoka et Romane Gueret, cette websérie composée de 10 épisodes de 7 minutes compte bien faire souffler un vent de fraîcheur sur le genre du teen, en misant sur la spontanéité de ses acteurs, qui brouille la frontière entre fiction et improvisation.
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Lovecraft Country, en août sur OCS
Virtuose de l’horreur psychologique (Get Out, Us), Jordan Peele s’illustrera bientôt dans le drame d’époque. Adapté d’un roman de Matt Ruff, son nouveau projet co-écrit avec Misha Green (Sons of Anarchy) raconte l’histoire d’Atticus Black (Jonathan Majors) un jeune homme de 25 ans dans l’Amérique raciste des années 1950, qui entreprend avec son amie Letitia (Jurnee Smollett-Bell) et son oncle (Courtney B. Vance) un road trip pour retrouver son père disparu. Un voyage aux implications sociales et historiques qui fera remonter des fantômes, mais aussi des monstres terrorisants…Blues rythmé, reconstitution historique soignée menant à la peur par crescendo : ce show devrait réjouir les adeptes de l’effroi made in Jordan Peele, celui qui vous glace le sang et remue le passé collectif.
I May Destroy You, actuellement sur OCS
Après le succès de Chewing Gum, sitcom mordante qui convoquait sous sa loufoquerie des thèmes tabous (la religion, le sexe…) à travers le regard d’une londonienne vierge fascinée par Beyoncé, la Britannique Michaela Coel s’empare de la question épineuse du consentement sexuel avec I May Destroy You. Inspirée d’un viol dont la showrunneuse a elle-même été victime, la série nous immerge dans la peau d’une jeune autrice qui se réveille un lendemain de soirée avec blessure inexpliquée au front et un black-out de plusieurs heures. Peu à peu, les souvenirs d’un viol reviennent, et c’est le début d’une longue enquête pour lutter contre le déni, retrouver la mémoire, que Michaela Coel filme comme un corps-à-corps éreintant. Un examen minutieux du traumatisme rendu possible par une narration dense et des personnages soigneusement écrits, qui permet au spectateur de saisir le processus de guérison douloureux de l’héroïne.
Dark, Saison 3, le 27 juin sur Netflix
C’est la troisième et ultime saison de cette création Netflix en langue allemande, dont l’intrigue plutôt classique – des disparitions d’enfants inexpliquées dans une petite ville tout près d’une centrale nucléaire – a pris pendant deux saisons des tournures de polar vertigineux, le spectateur découvrant progressivement que le passé se répète telle une malédiction. Derrière ses airs de polar déjà-vu, Dark se perd habilement dans de savoureux paradoxes temporels, avant de prendre tout à tour des allures de tragédie familiale, puis de fable philosophique sur le déterminisme. Si on attend de pied ferme cette dernière saison, qui promet de boucler la boucle, c’est aussi pour la mise en scène à la fois ultra réaliste et frôlant le surnaturel de Baran bo Odar, qui maîtrise à merveille les clairs-obscurs et les plans graphiques symboliques.
Perry Mason, actuellement sur OCS
Après The Americans, superbe fresque sur la Guerre froide dans laquelle il interprétait un officier du KGB, Matthew Rhys se mettra dans la peau du célèbre avocat de la défense Perry Mason, ancien détective privé hanté par ses expériences de guerre et son mariage raté, dans un reboot de la série originale créée en 1957 d’après les romans de Erle Stanley Gardner. D’après le premier trailer, cette nouvelle version promet de nous plonger dans le Los Angeles en plein essor des années 1930, après la Grande Dépression, et confrontera Perry Mason à une affaire d’enlèvement révélant la facette sombre de cette ville reluisante… Pourquoi on mise dessus? Parce que le show est écrit par Rolin Jones (Boardwalk Empire) et Ron Fitzgerald (Westworld), deux grands showrunneurs.
Image : Copyright OCS