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Riad Sattouf interviewé par Mila, 15 ans
- Cécile Rosevaigue
- 2016-11-15
En 2016, le dessinateur et réalisateur publiait le troisième tome de sa bande-dessinée, L’Arabe du futur, fresque autobiographique sur ses souvenirs d’enfance passée entre la Syrie, le pays de son père, et la France, le pays de sa mère. À l’occasion de la rediffusion des Beaux-Gosses, son premier teen-movie aussi drôle que percutant sur les affres de la puberté, on vous propose de relire cette interview.
On peut se tutoyer ?
Ah oui, si tu as envie, on se tutoie !
Quand as-tu décidé d’être auteur de BD ?
Enfant, j’habitais un petit village en Syrie et je lisais les Tintin – c’étaient les seuls livres qu’on avait à la maison. Je croyais que Tintin était une chose qui existait naturellement, au même titre que le soleil, le ciel, le vent. Quand on m’a expliqué que quelqu’un dessinait et écrivait l’histoire, ça m’a ébloui, et j’ai décidé que je ferais ça de ma vie. Je devais avoir 5 ou 6 ans.
Dans L’Arabe du futur, on voit que, petit, tu dessinais très bien, mais après tu as pris des cours ?
J’ai appris les techniques de dessin dans une école d’arts appliqués, puis j’ai étudié l’animation à l’école des Gobelins.
Pourquoi as-tu adopté un style de dessin pas très réaliste ?
À ton âge, j’aimais les dessins « parfaits », « bien faits », et puis, en grandissant, je suis allé vers des dessins plus expressifs. Les dessins réalistes, c’est comme une sorte de compétition entre dessinateurs, et ça, je n’aime pas trop, parce que j’ai pas vraiment le niveau. Pour moi, ce qui est important, c’est l’histoire à lire, avant la performance du beau dessin.
Combien de temps mets-tu pour faire une BD ?
Pour L’Arabe du futur, j’ai mis à peu près un an par volume. Je dessine tout le temps, du matin au soir, et quand je suis en train de terminer un album je travaille même la nuit, mais toujours avec une grande joie.
Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ?
L’autre jour, je dédicaçais L’Arabe du Futur 3 à une mamie, et elle m’a confié : « La dernière fois que j’ai lu une BD, c’était Bécassine, quand j’étais petite. » Ce genre de rencontre, j’adore ! J’aime l’idée que mon travail touche des gens qui lisent très peu – ou même jamais – de BD.
Est-ce que tu racontes la pure vérité dans tes BD ?
Je dessine souvent des gros nez à mes personnages, j’augmente leurs expressions ; eh bien, je fais la même chose avec les histoires. Je les tords, je tourne les choses de manière comique, mais cela vient toujours d’histoires vraies, ou de mes souvenirs.
Et cette passion pour les bananes que tu as dans L’Arabe du Futur, elle est réelle ?
On me demande tout le temps si je me sens plus syrien ou plus français. J’ai envie de dire que je me sens plutôt banane. Je fais partie intégrante du peuple banane. J’en ai tellement mangé, je leur dois beaucoup !
Le film est à voir ce soir sur 6ter, à 21h05
LE DEBRIEF
Mila a rencontré Riad Sattouf, auteur de BD et réalisateur (Les Beaux Gosses). Il vient de publier le tome 3 de L’Arabe du futur, qui raconte son enfance passée entre la Syrie, le pays de son père, et la France, le pays de sa mère.
« J’ai lu les trois tomes de L’Arabe du futur, Les Cahiers d’Esther, Retour au collège, et même un Pascal Brutal que j’ai piqué à ma mère. À travers mes lectures, j’avais l’impression de le connaître déjà un peu, mais discuter avec lui, c’était vraiment quelque chose de fort. »
L’Arabe du futur 3 de Riad Sattouf (Allary Éditions, 150 p.)
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