Si quand on vous dit « festival de Marrakech », vous pensez à celui du rire, sachez que vous passez à côté d’un grand rendez-vous du cinéma international (ah ça rigole moins). Créé en 2001 à l’initiative du Roi Mohamed VI avec le producteur français Daniel Toscan du Plantier et son épouse Melita, le festival redémarre en accueillant une foule d’invités prestigieux. Un jury présidé par Paolo Sorrentino, avec à ses côtés Oscar Isaac, Tahar Rahim ou encore Diane Kruger. Des hommages aux immenses Tilda Swinton et James Gray. Des conversations avec Jim Jarmusch, Leos Carax, Julia Ducournau, Jeremy Irons, Ruben Östlund… Bref, du beau monde pour une 19e édition qui s’ouvrira vendredi par la projection du très attendu Pinocchio par Guillermo Del Toro et Mark Gustafson, qu’on ne pitche plus.
Mais le cœur du festival, c’est surtout sa ligne édito internationale et défricheuse, pilotée désormais par Rémi Bonhomme, auparavant coordinateur général de la Semaine de la critique à Cannes pendant dix ans. Comme dans celle-ci – quelque chose nous dit que ce n’est pas un hasard -, la compétition du festival de Marrakech se compose de premiers et deuxièmes longs métrages. Cette année, sur les 14 films en sélection, 10 premières œuvres, dont Le Bleu du Caftan de Maryam Touzani sur un homme en couple avec une femme au Maroc et qui dissimule son homosexualité depuis toujours ; Alma Viva de Cristèle Alves Meira sur une petite fille en vacances dans un village portugais qui se retrouve hantée par l’esprit de sa grand-mère ; ou encore le thriller Ashkal de Youssef Chebbi sur deux flics explorant de fantomatiques immeubles en construction pour enquêter sur de mystérieuses morts par immolation à Tunis.
Alma Viva de Cristèle Alves Meira
En séances spéciales, on trépigne à l’idée de découvrir The Eternal Daughter de notre Joanna Hogg adorée, autre film de fantômes où l’immense Tilda Swinton fait face à elle-même dans un manoir hanté. Le dernier film de la cinéaste britannique trônera dans cette sélection au milieu d’autres pépites, comme Les Harkis de Philippe Faucon, Saint Omer d’Alice Diop et Retour à Séoul de Davy Chou.
On gardera aussi l’œil sur la sélection 11e continent, destinée à faire découvrir des films aventureux de toutes les époques bousculant les codes, avec notamment Pacifiction d’Albert Serra dont on vous a déjà chanté les louanges, Rewind and Play d’Alain Gomis sur le pianiste de jazz américain Thelonious Monk ou encore l’ovni du cinéma camerounais Muna Moto (L’enfant de l’autre) de Jean-Pierre Dikongé-Pipa, sorti en 1975 et présenté ici en version restaurée en 4K.
S’il nous reste un peu de temps dans cette orgie de films, on se fera un plaisir de découvrir le classique Ruses de femmes (1999) de la pionnière du cinéma marocain Farida Benlyazid, projeté en public sur la magnifique place Jemaa El Fna, qui accueillera tous les soirs, jusqu’à la clôture le samedi 19 novembre, des films populaires comme Dune ou Ad Astra.
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