Nous sommes à Atlantic Beach, ville côtière au nom générique comme la Floride en compte des dizaines. Plus rien ne bouge ; on annonce à la radio qu’une tornade dévastatrice s’apprête à frapper. La phrase résume à elle seule l’étrangeté de ce film, présenté à la Semaine de la Critique vénitienne : d’un côté une catastrophe qu’on pressent spectaculaire, mise à l’honneur dans le récent film d’action Twisters ; de l’autre l’absolue léthargie du monde. C’est que No Sleep Till n’est pas un « blockbuster », qui ramène étymologiquement à une tornade soufflant un pâté de maisons. Plutôt une combustion lente, un film d’avant la tempête – oserait-on dire postapocalyptique ?
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L’Amérique vue par Alexandra Simpson y ressemble, fardée de piscines et de motels à l’abandon. Plus rien ne bouge en effet, si ce n’est quelques âmes curieuses ou résignées ; d’un taiseux chasseur de tornades à deux amis glandeurs. Elles sont pleinement intégrées à ce paysage fantôme, presque momifié par la cinéaste. Comment filmer l’attente ? Avec un épatant sens du cadre, Alexandra Simpson élargit ce sentiment à une ville entière – du moins ce qu’il en reste. Elle débarrasse enfin le cinéma d’un trop-plein faussement volontariste, pour filmer ceux qui restent. Ceux qui se font les spectateurs d’un monde en crise et qui peut-être en espèrent autre chose.
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