On a plutôt l’habitude de le trouver du côté de la provoc et du trash, mais cette année, il a fait pleurer le Festival de Cannes avec Vortex (sélectionné à Cannes Première, toute nouvelle section), un film quasi-documentaire tourné en split-screen sur les derniers jours d’un vieux couple amoureux atteint de sénilité, interprété par Françoise Lebrun (inoubliable Veronika dans La Maman et la Putain) et le maître du giallo Dario Argento.
On serait tenté de déceler dans ce scénario épuré des réminiscences au Amour de Michael Haneke, film de fin de vie cruel et acerbe, mais il n’en est rien. Dans le court trailer dévoilé, les deux acteurs se donnent la réplique avec une tendresse quotidienne surprenante, et la caméra de Gaspar Noé, d’habitude virevoltante, ultra mouvante, reste à distance, pour capturer ses personnages dans la lenteur de leurs gestes et paroles.
« Vortex » de Gaspar Noé, le grand inventaire
Bref, les inconditionnels de Climax ou Irréversible, opus furieux et sous acide, risquent d’être surpris par cette chronique qui s’annonce comme une réflexion sur la disparition et la possibilité d’échapper à l’oubli via les traces de la mémoire. Gaspar Noé nous en a parlé dans notre interview (à lire en intégralité ci-dessous) : « À l’intérieur d’une famille, on ne sait pas qui est celui qui va attraper un cancer, qui va passer 10 ans à perdre complètement le contrôle sur la réalité… c’est la roulette russe. »