Librement inspiré du court mais culte roman Les Voiles écarlates (1923) de l’auteur russe et figure du réalisme romantique Alexandre Grin, dans lequel un homme s’éprend d’une jeune femme sans même qu’ils aient échangé un seul mot, L’Envol en retient toute la féérie. À son retour de la Grande guerre, Raphaël, un homme taiseux dévasté par le décès de son épouse, rencontre Juliette, sa toute jeune fille.
« L’Envol » de Pietro Marcello : ce qu’en pensent les critiques sur Twitter
Couvée par une femme travailleuse et fantasque (Noémie Lvovsky), l’enfant grandit dans un corps de ferme délabré mais peuplé d’êtres doux et joueurs. Au village, on rugit sur le passage de cette troupe bigarrée, car s’y murmure que Juliette serait née d’un adultère avec le tavernier – quand il s’agit en fait d’un viol commis par l’intéressé et passé sous silence par la communauté. Mise à l’écart et accusée de sorcellerie, la jeune femme connaît une adolescence mâtinée de rêveries solitaires, vécue dans l’amour de son père, le goût de la nature, les joies de la lecture… et l’irruption d’un aviateur volage (Louis Garrel).
Sur cette trame somme toute classique, Pietro Marcello – déjà salué pour le style composite de ses films, dont le sublime Martin Eden (2019) – engage une recherche incroyablement ludique et harmonieuse sur la forme. L’Envol voyage ainsi entre documents d’archive – d’où émerge l’infinie poésie de la lande normande au petit matin –, caméra subjective (qui donne une certaine mesure de la haine des hommes) ou encore plans très composés où s’élance en chanson l’héroïne, que campe la fée Juliette Jouan, dont c’est le tout premier rôle. Le cinéaste italien joue des arythmies et des contretemps, Raphaël s’évadant à l’accordéon dans des scènes presque documentaires, quand la voix cristalline de sa fille envoûte un monde où peine à survivre la magie. Funambule mélomane, Pietro Marcello possède un talent certain pour réenchanter le cinéma.
Car le cinéaste italien joue aussi des arythmies et contretemps pour donner à son conte une allure toute neuve, Raphaël s’évadant à l’accordéon dans des scènes presque documentaires, quand la voix cristalline de sa fille envoûte un monde où peine à survivre la magie, le tout en une jolie révérence à Jacques Demy. Funambule mélomane, Pietro Marcello a décidément tout du conteur hors pair et assoit un talent certain à réenchanter le cinéma.
L’Envol de Pietro Marcello, Le Pacte (1 h 40), sortie le 11 janvier
Image (c) Le Pacte