Tout s’est bien passé parle frontalement d’euthanasie. Quand vous avez lu le scénario, ça vous a fait peur ?
Non, François Ozon aborde toujours des sujets contemporains dans ses films, je savais qu’il allait y aller franco et qu’il n’avait pas de retenue. Et puis c’est marrant parce que la vie d’acteur permet de faire des parallèles. On se dit : « Si je le vis au cinéma, Dieu me fera la grâce – si on est croyant – de ne pas me l’imposer dans la vie. » Ce qui est tout à fait naïf évidemment, c’est pas comme ça que la vie se passe. Donc non ça ne m’a pas angoissé. Au contraire, c’est un espace de création que moi j’aime beaucoup parce que j’avais l’impression de pouvoir être très vivant dans mon travail, paradoxalement.
Ce qui est intéressant avec votre personnage, c’est qu’il est profondément tourné vers la vie, il ne perd jamais son humour, son sens de la provocation, et pourtant il tient quand même à en finir.
C’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé dans le scénario. J’avais vu des films qui traitaient de cette maladie et n’allaient que dans le drame. Alors que François Ozon n’a pas fait l’économie de tout ce qui peut se passer, y compris des choses comiques. André a un caractère de cochon, il peut être vraiment odieux et il dit ce qu’il pense tout le temps, ça peut être drôle, inattendu. Et ça fait qu’on le suit dans sa détermination.
On vous associe souvent au cinéma théâtral et labyrinthique d’Alain Resnais. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?
J’ai rencontré Resnais sur La Vie est un roman [sorti en 1983, ndlr], mais le plus grand moment pour moi ça a été Mélo [dans ce film sorti en 1986, l’acteur joue Marcel, un célibataire nostalgique qui vit une liaison avec la femme de son meilleur ami, ndlr], qu’il a pu tourner grâce à Marin Karmitz, producteur à l’époque [également le fondateur de mk2, société éditrice de ce magazine, ndlr]. C’était un rôle avec un éventail très large. Et puis j’ai commencé à le fréquenter dans la vie grâce à Sabine Azéma, et j’ai découvert un être très curieux, qui s’intéressait aussi bien aux radis noirs qu’aux téléphones portables. Ça lui donnait une grande richesse dans le choix de ses sujets et dans la vision qu’il avait de ses acteurs.
Interview longue à retrouver prochainement dans TROISCOULEURS.