La vie est belle à Gioia Tauro, ville portuaire située en Calabre. Les fêtes, les repas et les traditions rythment le quotidien des familles qui ne laissent transparaître aucun malaise. A 15 ans, Chiara, qui grandissait jusqu’ici paisiblement aux côtés de son père, de sa mère et de ses deux sœurs, devine pourtant que quelque chose se trame. Ce sentiment se confirme quand, du jour au lendemain, son père disparaît…
ACID, Quinzaine des réalisateurs : découvrez les sélections 2021 en direct
Après Mediterranea et A Ciambra, Jonas Carpignano poursuit sa chronique de la ville calabraise, et tente de percer à jour ce qui s’y joue, à l’échelle intime comme politique. Ici, il s’intéresse au milieu mafieux, dans lequel s’est engouffré le patriarche.
La grande force de ce nouvel opus réside dans le fait qu’il parvient à distiller par petites touches les ingrédients qui feront sauter le verrou des illusions, par le truchement de cette jeune ado qui voyait en son père un être irréprochable, et qui va vite être confrontée à un dilemme : sauver sa peau et fuir ou rester et plonger au nom du père ?
En embarquant sa caméra dans son sillage, en magnifiant les séquences nocturnes – il y a du Scorsese dans les lumières rouges qui composent certains plans –, c’est comme si le cinéaste nous infiltrait dans l’esprit noirci de la jeune fille. En contre-point, le réalisateur n’oublie pas de filmer aussi quelques instants de grâce lumineuse qui sortent Chiara de sa cellule familiale pour l’ouvrir à un plus bel avenir que celui qui lui est promis. Fin et fluide, ce sombre coming-of-age a de quoi marquer les esprits.
Image : Copyright Haut et Court