Rosalie, c’est Nadia Tereszkiewicz (hallucinante dans sa capacité à accueillir tout ce qu’elle a à jouer avec, dans le regard, une forme de surprise volontaire). Femme à barbe donc, mais rasée de près pour ne pas être démasquée, on la découvre au début du film prête à épouser Abel (Benoît Magimel) et à recouvrir le secret de cette pilosité importante. Sauf que, bientôt, la jeune femme téméraire, dans le but d’attirer la foule et d’aider le commerce de son mari, se dit prête à se donner en pâture aux regards dangereux du reste du monde dans son plus naturel appareil…
En dépit de son académisme, le long métrage se trouve constamment nourri par une écriture et par des réactions de personnages considérés à la juste valeur de leur intelligence. Quand Rosalie se montre pour la première fois avec sa barbe, elle est encensée, complimentée, et tout ce qui pouvait la désigner comme un monstre dynamite les normes du genre, proposant un féminin réinventé et transgenre. Le monstre ici n’a alors d’autre visage que celui patibulaire (et très barbu) d’une masculinité rance et limitée.
Rosalie de Stéphanie Di Giusto, Gaumont (1 h 55), sortie le 10 avril
Image (c) 2023 Tresors Films – Gaumont – LDRPII – Artémis Production