CANNES 2023 · « Mambar Pierrette » de Rosine Mbakam : bouts de ficelle

Il suffit parfois d’un seul plan pour renverser l’ordre d’un film. Dans « Mambar Pierrette », c’est le dernier, qui nous fait voir, selon un axe inédit, filmé depuis le bout de la rue, la boutique de Mambar ou Pierrette (c’est selon les gens et les langues), couturière et héroïne prodigieuse de cette drôle de fiction documentée.


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Elle est assise à l’intérieur de la vétuste maison qui lui sert de lieu de travail et on la regarde désormais de loin, comme pour se préparer à lui dire au revoir. Car c’est bien au pacte d’une rencontre (et à sa fin) que nous invite Mambar Pierrette de Rosine Mbakam, cinéaste camerounaise installée en Belgique, à la filmo déjà abondante mais dont les films n’ont jamais été distribués en France.

Un pacte et une rencontre avec une personne et un personnage, dont le film, attentif, recueille minutieusement le quotidien et les liens qui le composent (ses enfants, sa mère et ses amies qui se rendent dans son magasin de couture comme on irait chez le psy).

Une rencontre aussi avec un film et un dispositif jouant de cette fameuse hybridité des genres établis (docu-fiction). De cet alliage courant, Mambar Pierrette cherche moins à extraire l’ambiguïté attendue qu’à admettre : ceci est vrai mais c’est une fiction – comme un jeu de dévoilement pour les spectateurs, comme pour protéger son héroïne des péripéties malheureuses qui adviennent. Les rejouer pour les exorciser ?

Si Mambar Pierrette fait état de l’évidente précarité dans laquelle se trouve son personnage, qui bosse mais peine à réunir l’argent nécessaire pour les fournitures scolaires de ses enfants, il devient aussi ce safe space d’une parole déliée, rendue possible par l’espace du film, maison protégée.

Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 16 au 27 mai 2023.