Cannes 2023 : Les 25 films qui vont réveiller le festival

Todd Haynes, Jonathan Glazer, Justine Triet, Katell Quillévéré, Wang Bing… Nos cœurs ont bondi à l’annonce de la sélection officielle de la 76e édition par Thierry Frémaux et Iris Knobloch. Cette édition présidée par Ruben Östlund (deux Palmes d’or donc l’une pour Sans Filtre l’an dernier) présente décidément une sélection pleine d’audace et de surprises. Retrouvez notre couverture quotidienne du Festival du 16 au 27 mai.


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ANATOMIE D’UNE CHUTE de Justine Triet – Sélection officielle – Compétition

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Image : Les Films Pelléas/Les Films de Pierre

Des héroïnes complexes prises dans des dédales psychologiques. Voilà à quoi nous a habitués Justine Triet, de retour en Compétition quatre ans après Sybil avec ce film co­écrit avec Arthur Harari, réalisateur du subjuguant Onoda. Un thriller qui nous plongera dans le parcours d’une femme faisant l’objet d’une enquête à la suite de la mort de son mari : le détective soupçonne d’abord un accident ou un suicide et finit par croire qu’il s’agit d’un meurtre. Le témoin-clé s’avère être le fils aveugle du couple, qui fait face à un dilemme moral… Au casting : Swann Arlaud, Sandra Hüller, Antoine Reinartz et Jehnny Beth – une belle ribambelle de comédiens, dont la réalisatrice pourrait révéler la folie douce.

Justine Triet : « À partir du moment où les personnages féminins sont complexes, on est dans une forme de féminisme. »

MAY DECEMBER de Todd Haynes – Sélection officielle – Compétition

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C’est LE projet qu’on attend depuis des années. Après son portrait du Velvet (sobrement intitulé The Velvet Underground), présenté hors Compétition à Cannes en 2021, le grand Todd Haynes (lire p. 48) revient en Compétition avec ce drame sur une actrice (Julianne Moore) dont la vie familiale est perturbée par le biopic en gestation sur sa vie et sa rencontre avec l’actrice qui s’apprête à l’incarner (Natalie Portman). Le tout mêlé à l’histoire du couple qu’elle forme avec son mari, de 23 ans son cadet, qui avait fait des années plus tôt la une des tabloïds. Un méli-mélo qui s’annonce passionnant et vertigineux – comme toujours avec le réalisateur de Carol (2016).

Todd Haynes : « Créer un portrait kaléidoscopique, c’est la seule façon de raconter profondément une vie. »

SIMPLE COMME SYLVAIN de Monia Chokri – Sélection officielle – Un certain regard

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Image : Fred Gervais

« J’avais envie d’écrire un vrai film d’amour. Je trouve qu’il y en a peu, peut-être parce qu’on est dans une époque cynique », nous avait confié, à la sortie de Babysitter (2022), la réalisatrice québécoise, à propos de son projet alors en tournage. Présenté quatre ans après que La Femme de mon frère a reçu le Prix coup de cœur du jury Un certain regard, Simple comme Sylvain raconte l’histoire d’une quadragénaire aisée (Magalie Lépine-Blondeau) bouleversée par sa rencontre avec un entrepreneur issu d’un milieu modeste (Pierre-Yves Cardinal, vu dans Tom à la ferme de Xavier Dolan). On compte sur la pétillante cinéaste pour faire chavirer nos petits cœurs sensibles.

Monia Chokri : « On a un vrai pouvoir de changement de l’intime »

ASTEROID CITY de Wes Anderson – Sélection officielle – Compétition

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Image : Pop. 87 Productions LLC

Après The French Dispatch (2021) et Moonrise Kingdom (2012), tous deux repartis bredouilles, Wes Anderson retente sa chance en Compétition avec cette comédie rétro qui plonge dans la petite ville fictive d’Asteroid City, en plein désert américain, durant les fifties, tandis qu’une convention scientifique de jeunes astronomes et cadets de l’espace fait face à de mystérieux événements qui vont chambouler le monde. À l’affiche : Jason Schwartzman, Scarlett Johans­son, Tom Hanks, Tilda Swinton, Bryan Cranston, Ed Norton, Adrien Brody, Liev Schreiber, Steve Carell, Willem Dafoe et Margot Robbie… On s’arrête là, le casting est aussi alléchant qu’interminable.

« The French Dispatch » : un hommage gracieux et rocambolesque

LA CHIMÈRE d’Alice Rohrwacher – Sélection officielle – Compétition

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Image : Ad Vitam

Après , fable surréaliste dans une Italie hantée par la brutalité de l’exode rural postfasciste (présenté en Compète en 2018), la réalisatrice toscane retrouve sa place en Compétition avec La Chimère. L’histoire, dans les années 1980, d’un chasseur de vestiges étrusques revenu sur le littoral de la mer Tyrrhénienne pour pratiquer son activité illégale avec des bandits, et qui ressent le vide laissé par le souvenir de son amour perdu. On compte sur la réalisatrice des Merveilles (en Compète en 2014) pour explorer avec poésie les frontières entre réalité et fantasme, et les histoires qu’on se raconte à soi-même pour survivre à la disparition d’un être cher.

JEUNESSE (LE PRINTEMPS) de Wang Bing – Sélection officielle – Compétition

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Image : Les Acacias

Le réalisateur chinois, grand portraitiste de son pays et de ses mutations socio­-économiques, nous a habitués à de longues fresques documentaires (À la folie, Les Âmes mortes). Tout indique qu’il en va de même de ce docu fleuve de trois heures trente dont l’action se situe à Zhili, à 150 kilomètres de Shanghai. Dans cette cité dédiée à la confection textile, les jeunes de 20 ans affluent de régions rurales et travaillent sans relâche pour pouvoir un jour élever un enfant, s’acheter une maison ou monter leur propre atelier. On pressent la fresque hypnotique et édifiante. Doublé gagnant cette année pour Wang Bing, qui présente aussi en Séance spéciale le plus modeste et arty Man in Black.

Wang Bing, aux marges de la Chine

ÉTAT LIMITE de Nicolas Peduzzi – ACID

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Image : Les Alchimistes

Nicolas Peduzzi nous avait soufflés en 2021 avec Ghost Song, traversée orageuse de Houston, entre documentaire et fiction, suivant les itinéraires de deux musiciens. On espère retrouver son ampleur et son lyrisme avec un projet pour le moins différent : le cinéaste s’aventure un peu plus près de nous, à l’hôpital public Beaujon de Clichy. Il y filme le service de psychiatrie, où il ne reste plus qu’un seul psychiatre, le docteur Jamal Abdel-Kader. Celui-ci résiste, malgré le peu de moyens alloués et l’injonction à la productivité qui gagne aujourd’hui les lieux de soins. Sûr qu’on peut compter sur Peduzzi pour aller poser sa caméra là où ça fait mal.

Nicolas Peduzzi : « Le rapport à l’addiction m’intéresse beaucoup, notamment chez les artistes »

LE LIVRE DES SOLUTIONS de Michel Gondry – Quinzaine des cinéastes

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Image : The Jokers Films

Plutôt rare sur la Croisette – la dernière fois qu’il est venu, c’était en 2012, à la Quinzaine déjà, pour The We and the I, sur l’été brûlant de lycéens dans le Bronx –, le cinéaste français présente Le Livre des solutions, un projet très personnel tourné dans les Cévennes gardoises, où il a des attaches familiales. Pierre Niney y campe un réalisateur cherchant à vaincre les démons qui nuisent à sa créativité. Un sujet hautement méta pour un cinéaste à la fois cinéphile et très tourné vers l’obsession de la page blanche. Ce savant mélange est offert assorti d’un casting délicieux : Blanche Gardin, Camille Rutherford, Vincent Elbaz et Françoise Lebrun.

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ACIDE de Just Philippot – Sélection officielle – Séance de minuit

On se réjouit de retrouver le jeune Français Just Philippot, qui nous avait totalement subjugués en 2020 avec La Nuée (Semaine de la critique), film de genre et thriller agricole de haute tenue dans lequel un nuage de sauterelles tueuses menaçait une éleveuse mère célibataire en plein burn-out. Il débarque en Séance spéciale avec Acide, prolongation de l’un de ses propres courts métrages sur une catastrophe climatique – des nuages de pluies acides qui s’abattent sur la France – avec Laetitia Dosch et Guillaume Canet. Quelque chose nous dit que cet exode apocalyptique devrait ramener un vent de conscience écolo sur cette sélection officielle.

Just Philippot

LE RÈGNE ANIMAL de Thomas Cailley – Sélection officielle – Un certain regard

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Image : Studio Canal

Après le très prometteur Les Combattants (Quinzaine des réalisateurs, 2014), le Français Thomas Cailley revient à Cannes avec un long très attendu porté par Adèle Exarchopoulos, Romain Duris et Paul Kircher (révélé dans Le Lycéen de Christophe Honoré en 2022). L’histoire se situe « dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux ». Un homme fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce mal mystérieux, et embarque son fils de 16 ans dans une quête. Quand on lui a demandé de nous en dire plus en entretien, Adèle Exarchopoulos nous a parlé d’un « scénario complètement fou ». Cannes n’est pas prêt pour cette secousse.

Thomas Cailley, plan de batailleAdèle Exarchopoulos : « Je suis plus sincère dans mes choix de films qu’en interview »

UN PRINCE de Pierre Creton – Quinzaine des cinéastes 

Dans son coin, au pays de Caux, Pierre Creton fabrique une filmographie singulière, empathique mais pas mièvre (Va, Toto ! 2017 ; Le Bel Été, 2019), qui brouille les pistes entre documentaire et fiction. Celui qui est aussi ouvrier agricole et plasticien donne à voir, de façon très poétique, un monde complètement invisibilisé – le sien. Dans Un prince, il raconte l’histoire de Pierre-Joseph, de son adolescence, passée dans un centre de formation pour devenir jardinier, à sa rencontre avec le propriétaire d’un étrange château, des années plus tard. On se laissera volontiers surprendre par ce nouvel objet, qu’on devine déjà beau bizarre.

Le Bel été

LE PROCÈS GOLDMAN de Cédric Kahn – Quinzaine des cinéastes

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Image : Moonshaker

à Cannes, ça sonne déjà comme une évidence. Mais ce qui donne véritablement sa place en sélection à l’acteur-cinéaste, c’est sa manière de tirer le portrait intense d’outsiders, d’écorchés (Roberto Succo, en Compétition en 2001, ou La Prière, 2018). Il revient cette année avec un biopic consacré à Pierre Goldman, demi-frère de Jean-Jacques, certes, mais surtout militant d’extrême gauche, condamné à perpétuité en décembre 1972 pour des braquages à mains armées ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Un procès qui le rendra célèbre, autant auprès de la gauche intellectuelle qu’auprès des médias (à cause de ses esclandres). Avant sa triste fin : sa mort par assassinat en 1979.

« Trop de bonheur », l’histoire d’un film magnifique condamné à être invisible

CONNAN de Bertrand Mandico – Quinzaine des cinéastes

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Après son long métrage tortueux et gluant After Blue (Paradis sale) (2021), Bertrand Mandico revient avec une variation qui s’annonce excessive, féministe et romantique sur le célèbre personnage viril et musculeux de Conan le Barbare, imaginé par Robert E. Howard et autrefois incarné au cinéma par Arnold Schwarzenegger. En 2020, le cinéaste nous en parlait ainsi : « Dans mon projet, Conan est fille(s) et femme(s), et elles évolueront dans un monde au féminin […] Il y aura six Conan, autant qu’il y a de périodes dans sa vie. Chaque nouvelle Conan viendra tuer la précédente car, pour moi, le comble de la barbarie, c’est de tuer sa jeunesse. » Tout un programme.

« After Blue (Paradis sale) » de Bertrand Mandico : nouveau(x) monde(s)« Conan la barbare » : Bertrand Mandico nous présente sa prochaine œuvre monstre

PORTRAITS FANTÔMES de Kleber Mendonça Filho – Sélection officielle – Séance spéciale

Prix du jury à Cannes en 2019 pour Bacurau, fable dystopique sanglante sur la mort d’une emblématique matriarche de 94 ans, Carmelita, dans un village fictif et isolé au cœur du sertão, le réalisateur brésilien est sélectionné cette fois en Séance spéciale avec ce documentaire sur le centre-ville de Recife. Ville natale de Kleber Mendonça Filho, l’agglomération du Nordeste brésilien était déjà au cœur des Bruits de Recife (2014), son premier long métrage, remarqué, sur le quotidien d’un quartier perturbé par l’arrivée d’une société de sécurité, et d’Aquarius (2016), sublime chronique de la vie d’une irréductible sexagénaire qui avait été sélectionnée en Compétition.

Kleber Mendonça Filho, espace-temps« Bacurau », la fable dystopique sanglante de Kleber Mendonça Filho

HYPNOTIC de Robert Rodriguez – Sélection officielle – Séance de minuit

Un chouïa plus discret que son acolyte Quentin Tarantino (ils ont, entre autres folles collaborations, cosigné le diptyque Grindhouse en 2007), Robert Rodriguez avait déjà enflammé la Croisette en 2005 avec son culte Sin City, sa bande de criminels, de ripoux et de femmes fatales. À l’image de ses héros noctambules, le cinéaste, scénariste et musicien américain débarque cette année en Séance de minuit pour raconter l’histoire d’un détective (Ben Affleck) qui enquête sur une série de braquages et se retrouve pris dans une « affaire impliquant sa fille disparue et un programme secret du gouvernement ». On espère que ni Didier Raoult ni Francis ­Lalanne ne sont au scénario.

Robert Rodriguez adapte la bande dessinée El Gato Negro

KILLERS OF THE FLOWER MOON de Martin Scorsese – Sélection officielle – hors Compétition

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Image : Imperative Entertainment

Le cinéaste revient sur la Croisette avec un thriller produit par Apple, coécrit avec Eric Roth. Ce western porté par un casting de choc (Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Brendan Fraser, Lily Gladstone), se déroule dans les années 1920 en Oklahoma et retrace une suite de meurtres commis par l’éleveur William Hale et ses neveux afin de s’approprier les terres des Osage sur lesquelles ont été découvertes des sources de pétrole. Une série d’actes ignobles, connue aujourd’hui sous le nom de « règne de la terreur »… Retour en force pour Scorsese, qui n’avait pas été en sélection officielle depuis The Last Waltz, présenté à Cannes Classics en 2005.

Festival de Cannes 2023 : « Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese en compétition officielleLes films que Martin Scorsese préfère regarder à la place des Marvel

L’AUTRE LAURENS de Claude Schmitz – Quinzaine des cinéastes

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Image : Wrong Men/Cheval deux trois

On a adoré son moyen métrage en forme de chronique noire Braquer Poitiers (2019) et en février dernier Lucie perd son cheval, film de chevalerie au féminin. Ce n’est pas le pitch intriguant de son nouveau projet qui fera redescendre la hype. « Le détective privé Gabriel Laurens, spécialisé dans les affaires conjugales, voit sa vie chamboulée lorsque débarque chez lui sa nièce Jade. La jeune fille a des doutes sur la mort accidentelle de son père et lui demande de mener l’enquête. » On pressent une sorte d’inspecteur Gadget weirdo campé par l’excellent Olivier Rabourdin, et un crime que l’on devine prétexte à une fine étude de mœurs. Bref, c’est un grand oui.

Claude Schmitz : « Les acteurs et actrices ont une sorte d’idéal qui correspond à celui de la chevalerie »« Braquer Poitiers », comédie noire fascinante de Claude Schmitz

LE TEMPS D’AIMER de Katell Quillévéré – Sélection officielle – Cannes première

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Image : Roger Arpajou

Après Un poison violent (Quinzaine des réalisateurs, 2010) et Suzanne (Semaine de la critique, 2013), Katell Quillévéré fait une percée en sélection officielle. Le Temps d’aimer suit la rencontre, en 1947, de Madeleine (Anaïs Demoustier), serveuse d’un hôtel-restaurant et mère d’un petit garçon, et François (Vincent Lacoste), un étudiant riche et cultivé. L’un et l’autre se cachent un secret qui tardera à être révélé… L’alchimie entre Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste n’est plus à prouver – ils se sont donné la réplique dans Deux fils de Félix Moati et Fumer fait tousser de Quentin Dupieux –, et on mise sur le talent de la réalisatrice pour observer les dangers de la passion.

« Le Monde de demain » : Katell Quillévéré et Hélier Cisterne nous parlent de leur fulgurante série

LES FILLES D’OLFA de Kaouther Ben Hania – Sélection officielle – Compétition

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Image : Tanit Films

Résolument féministe, le cinéma de Kaouther Ben Hania parvient toujours à surprendre. Dans la comédie Le Challat de Tunis (ACID, 2014) ou le thriller La Belle et la Meute (Un certain regard, 2017), la cinéaste tunisienne faisait prendre au spectateur des chemins de traverse. Ce nouveau cru, qui lui ouvre pour la première fois les portes de la Compétition, part de la tragédie d’une mère dont les deux filles aînées disparaissent soudainement. La réa­lisatrice convoque alors des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur cette histoire. Autant dire qu’on est très intrigués par ce pitch étonnant.

THE ZONE OF INTEREST de Jonathan Glazer – Sélection officielle – Compétition

Le Britannique Jonathan Glazer est aussi rare que précieux. En plus de vingt ans, il n’a réa­lisé que quatre films – et, c’est bien simple, ce sont tous des chefs-d’œuvre. Aucun d’eux – ni Under the Skin (2014), avec Scarlett Johans­son en fascinante alien se découvrant des émotions humaines, ni Birth (2004), mélo dérangeant sur le deuil – n’a pourtant été présenté à Cannes. L’injustice est désormais réparée : The Zone of Interest suit un officier SS qui s’éprend de la femme du commandant de son camp durant la Seconde Guerre mondiale. Alors que leur idylle secrète commence, le mari éconduit soupçonne sa femme et la fait suivre. La démente actrice Sandra Hüller (Toni Erdmann) est de la partie.

Jonathan Glazer, en eaux troubles« Under the Skin » : le chef-d’œuvre troublant de Jonathan Glazer va devenir une série

FIREBRAND de Karim Aïnouz – Sélection officielle – Compétition

Après son sulfureux ovni Madame Satã (sélec­tionné à Un certain regard en 2002) et La Vie invisible d’Eurídice Gusmão (prix Un certain regard à Cannes en 2019), mélo sur les désillusions conjugales de deux sœurs à Rio de Janeiro, le réalisateur brésilien concourt pour la première fois pour la Palme d’or avec un drame historique sur Catherine Parr, la sixième et dernière épouse du roi d’Angleterre et d’Irlande Henry VIII – et l’une des seules à lui avoir survécu. Tout ça promet du sang, de la rivalité et des intrigues de couloir cruelles, le tout nimbé dans une photographie soignée et incarné par les troublants Alicia Vikander et Jude Law.

« La Vie invisible d’Euridice Gusmão », un beau mélodrame émancipateur

KUBI de Takeshi Kitano – Sélection officielle – Cannes première

Le grand Takeshi Kitano n’était pas venu au Festival de Cannes en sélection officielle depuis Outrage (2010). Treize ans après, le revoilà à Cannes première avec l’adaptation d’un de ses livres éponyme. Ce qui est annoncé comme possiblement son dernier film sera une épopée historique située en 1582 : dans un temple de Kyoto, le seigneur de guerre Oda Nobunaga a été assassiné. Un général Araki Murashige qu’on soupçonne déloyal est capturé juste avant l’assassinat. Oda Nobunaga voulait lui briser le cou… Avec cette histoire de politique et de coups bas sanglants, Takeshi Kitano, qu’on disait trop assagi, aurait-il retrouvé sa fibre sale gosse ?

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OCCUPIED CITY de Steve McQueen – Sélection officielle – Séance spéciale

Le réalisateur britannique doué et engagé Steve McQueen, venu présenter Hunger à Cannes en 2008, montrera en Séance spéciale son premier documentaire, adapté du livre Atlas van een bezette stad. Amsterdam 1940-1945 écrit par sa femme, l’historienne Bianca Stigter. L’ouvrage se penche sur la Seconde Guerre mondiale à Amsterdam, auscultant comment ses marques et souvenirs conditionnent encore aujourd’hui la vie de ses habitants – dont fait partie Stigter. Ce n’est pas la première fois que le couple travaille ensemble : Stigter était la productrice associée de 12 Years a Slave (2014) et des Veuves (2018) réalisés par McQueen.

« J’aimerais que ‘Shame’ fasse sur son public un effet semblable à celui du sifflement du maître sur son chien. »Pour Steve McQueen, « 12 Years a Slave » n’aurait pas vu le jour si Obama n’avait pas été élu

CLUB ZÉRO de Jessica Hausner – Sélection officielle – Compétition

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Image : Coproduction Office / Fred Ambroisine

Après Little Joe, présenté en Compète en 2019, l’Autrichienne Jessica Hausner continue son ascension fulgurante avec un deuxième film en langue anglaise. L’Australo-Polonaise Mia Wasikowska y campe le rôle d’une enseignante dans un lycée privé qui lance un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans que cela éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro. Sidse Babett Knudsen, Amir El-Masry, Elsa Zylberstein et Mathieu Demy complètent le casting de ce thriller psychologique que l’on devine vénéneux et délicieusement formaliste.

Retransmission en direct de la cérémonie d’ouverture du 76e Festival de Cannes, le 16 mai au mk2 Odéon (côté St Germain), au mk2 Nation et au mk2 Bibliothèque à 19 h, suivie de la projection du film d’ouverture du Festival, Jeanne du Barry de Maïwenn, à 20 h

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