Malgré les incertitudes liées à Omicron, le festival de Berlin aura bien lieu – dans une version réduite de quelques jours (l’événement dure sept jours, contre une bonne dizaine d’habitude), en jauges réduites, et avec PCR obligatoire toutes les 24 heures. Pas de quoi effaroucher les cinéphiles, qui se retrouvent au cœur de l’hiver berlinois pour découvrir les 18 films de la Compétition et parier sur les goûts du président du jury, M. Night Shyamalan.
Le cinéma français dominera-t-il la semaine ? C’est en tous cas lui qui ouvre les festivités, avec le très attendu Peter Von Kant de François Ozon, relecture d’une œuvre culte de Fassbinder avec un casting de rêve : Denis Ménochet en alter-ego du mythique cinéaste allemand, Isabelle Adjani jouant sa muse historique, et sa véritable muse, Hanna Schygulla, pour camper… sa mère. Toujours en Compétition, on attend aussi beaucoup du nouveau film de Claire Denis, Avec amour et acharnement, qui s’annonce comme un vertigineux triangle amoureux, coécrit avec Christine Angot.
, réalisateur des très beaux Amanda et Ce sentiment de l’été, devrait nous emballer avec Les Passagers de la nuit, une plongée dans le Paris des années 1980 avec Charlotte Gainsbourg en mère célibataire qui élève ses deux ados et recueille une jeune punk (Noée Abita). Hors compétition, c’est le nouveau Quentin Dupieux qui nous fait de l’œil, Incroyable mais vrai, ne serait-ce que parce qu’il réunit les très grands Alain Chabat et Léa Drucker – ici dans les rôles d’un couple fraichement propriétaire d’une maison pleine de mystères.
« Incroyable mais vrai » : une première image pour le nouveau film de Quentin Dupieux
Pas de blockbuster hollywoodien au programme, et peu de stars américaines pour fouler le tapis rouge (en doudoune). On se pressera d’autant plus pour voir les majestueuses Sigourney Weaver et Elizabeth Banks dans Call Jane de la cinéaste Phyllis Nagy, présenté comme une ode à la sororité dans l’Amérique des sixties. Notre star à nous sera peut-être plutôt le maestro Dario Argento, qui présente Occhiali Neri, son premier film en 10 ans, l’histoire d’une prostituée qui échappe de justesse à un tueur en série mais perd la vue suite à un accident de voiture – ce qui a priori n’entame en rien sa soif de vengeance.
Une première image intrigante pour « Occhiali Neri » de Dario Argento
Plus encore que les festivals de Cannes et de Venise, la Berlinale joue la carte d’un cinéma d’auteur exigeant et défricheur, surtout dans ses nombreuses sélections alternatives (Encounters, courts métrages, Panorama, Forum, Generation). Ici, difficile de jouer les oracles mais on est par exemple pressés de découvrir le nouveau film du cinéaste franco-sénégalais Alain Gomis, auteur du très beau Félicité qui avait gagné l’Ours d’argent en 2017 : alors qu’il préparait une fiction sur le musicien Thelonious Monk, le réalisateur est tombé sur une archive de l’INA dont il a tiré un documentaire intrigant, Rewind & Play (en section Forum). En sélection Encounters, on est particulièrement avides de découvrir Coma, le nouveau film de Bertrand Bonello tourné pendant le confinement, qui explore les rêves et les cauchemars d’une ado abonnée à une chaîne YouTube de développement personnel. Tout un programme.
Bertrand Bonello et Arnaud des Pallières intègrent la section Encounters de la Berlinale 2022
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Image de couverture : International Jury 2022: M. Night Shyamalan © Bryan Bedder/Getty images for Universal Pictures, Anne Zohra Berrached © Gerhard Kassner / Berlinale, Tsitsi Dangarembga © Hannah Mentz, Karim Aïnouz © Denny Sachtleben, Ryusuke Hamaguchi, Connie Nielsen © Dennis Stenild, Said Ben Saïd © Patrick Swirc