Inspecteur de police coréen expérimenté, Hae-Joon (joué par Park Hae-il) enquête sur la mort mystérieuse d’un homme dont le corps a été retrouvé au bas d’une falaise. Quand il commence à soupçonner Seo-rae (incarnée par Tang Wei), infirmière gériatrique et épouse du défunt, le détective ressent une attirance irrépressible pour cette femme d’origine chinoise et l’enquête va s’en trouver fortement perturbée.
« Decision to Leave » de Park Chan-wook : ce qu’en pensent les critiques sur Twitter
Sur cette trame de thriller classique qui rappelle entre autres Vertigo d’Alfred Hitchcock ou Basic Instinct de Paul Verhoeven, Park Chan-wook, cinéaste déjà primé à Cannes pour Old Boy et Thirst, ceci est mon sang, propose un kaléidoscope d’images merveilleusement réflexives qui appuie le brouillage des frontières morales. Situé dans les attrayants décors de mer et de montagne de la ville de Busan, Decision To Leave dévoile un environnement en fait extrêmement dangereux pour les protagonistes. Tout dans la mise en scène est affaire de miroirs et de fantasmes reflétés à travers des écrans tactiles (téléphones, ordinateurs) qui mettent Hae-Joon et Seo-rae cruellement à distance tout en leur donnant l’illusion de pouvoir vivre un amour en réalité impossible.
Sous le vernis des objets contemporains et de la technologie se cache en effet un monde invisible où se mêlent indistinctement le soupçon, l’attraction, l’observation et l’exhibition, comme si toutes ces notions ne formaient plus qu’une seule entité. L’enquête policière et les jeux de séduction se confondent tant que thriller et film sentimental fusionnent pour offrir un grand mélodrame où le mirage devient également formel et stylistique. Adepte des changements de points de vue et de perspectives, Park Chan-wook ne cesse de nous égarer narrativement pour au final livrer un propos tranchant : le cinéaste réaffirme dans un final grandiloquent toute la force d’une nature déchaînée face à laquelle l’esprit et le destin humains s’avèrent tragiquement insignifiants.
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