« Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese : mafia partout

Une tribu amérindienne est la cible d’une série de meurtres inexpliqués. Pendant ce temps, un vagabond cherche à s’enrichir dans la région. Martin Scorsese livre un nouveau rise and fall, d’une grande densité, sur la cruauté de l’engrenage capitaliste.


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La tribu Osage, riche du pétrole présent en abondance sur ses terres en Oklahoma, est victime d’une série de meurtres inexpliqués et ignorés par les autorités. Dans ce contexte sous tension, qui voit les Amérindiens être petit à petit décimés, débarque Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio), jeune homme simplet attiré par l’appât du gain. Sous les ordres de son oncle, l’agriculteur William Hale (Robert De Niro), il se rapproche d’une femme osage, Molly Burkhart (Lily Gladstone), dans l’espoir de l’épouser et de mettre la main sur ses richesses.

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Mais bientôt, le FBI s’intéresse aux meurtres qui hantent le Comté… Au regard du projet de Killers of the Flower Moon, qui se déroule dans les années 1920 et a toutes les caractéristiques d’un western crépusculaire, il était possible de s’attendre à un écart notable à l’échelle de la filmographie de Martin Scorsese. Il n’en est rien : le cinéaste vétéran change de cadre et d’époque pour reconduire, toujours avec la même vigueur, un rise and fall mafieux reprenant la trame célèbre des Affranchis.

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Très étiré (3h26), le film reste pourtant ambivalent pendant un certain temps, laissant penser qu’Ernest Bukhart pourrait être sincère. Comme souvent chez Scorsese, le baron de la pègre locale tire en réalité les ficelles sous son masque de générosité. Il est ici incarné par Robert De Niro, à la fois drôle et inquiétant dans le rôle d’un oncle taquin et manipulateur. Difficile de ne pas citer aussi Lily Gladstone qui campe un personnage peu loquace, mais d’une prestance telle, que la moindre de ses apparitions bouleverse.

Avec le sens du rythme qui est le sien, Scorsese entrecroise la trajectoire d’une flopée de personnages pour composer un grand tableau de l’Amérique du début du xxe siècle. Sous son vrombissement permanent, qui assure un spectacle à tous les niveaux, Killers of the Flower Moon dresse un constat politique : lorsqu’un protagoniste s’élève socialement et gagne en richesse matérielle, il le fait au détriment d’un autre, jusqu’à absorber son énergie. Les fresques scorsesiennes, comme le capitalisme, sont pleines de vampires.

Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese,Paramount Pictures (3 h 27), sortie le 18 octobre

Images (c) Imperative Entertainment

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