Xian est une lycéenne mal dans sa peau et délaissée par sa mère, qui s’apprête à quitter la Chine pour travailler à l’étranger pendant un an. Accueillie par défaut par son père, propriétaire d’un studio de photo, elle y fait la rencontre de Mingmei, une jeune femme un peu plus âgée, d’origine sud-coréenne…
A Song Sung Blue s’inscrit explicitement dans les genres du coming-of-age movie et du drame romantique : l’amour que Xian voue pour Mingmei n’est pas réciproque ; il est sans cesse entravé soit par le regard des autres (l’homophobie généralisée d’une société qui n’envisage pas leur union), soit par le regard (froid) que porte Xian sur elle-même.
Baignées dans une atmosphère cotonneuse, Xian et Mingmei s’irradient et prennent part à une ronde prenant parfois les contours d’un jeu de cache-cache (tendance “je te suis, tu me fuis”), avec des allers-et-venues vers le hors-champ ainsi que des jeux de composition de l’image, à l’aide de voiles et de miroirs. Les sentiments émergeant des personnages s’épanouissent dans ces écarts qui se creusent ou se réduisent et évoquent parfois, dans une ambiance toutefois moins amère, la fin de Millenium Mambo d’Hou Hsiao-Hsien. Non sans fragilités, le film parvient malgré tout à trouver sa forme et sa voix, jusqu’à constituer une belle promesse d’avenir.
Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 16 au 27 mai 2023.