Homme-orchestre ou couteau suisse, Erwan Ha Kyoon Larcher sait à peu près tout faire, ou semble du moins n’avoir peur d’aucune expérimentation. Danseur un temps, acrobate pour Mathurin Bolze, comédien dans deux pièces de Christophe Honoré, il n’hésite pas non plus à devenir une taupe musicienne sous le regard de Philippe Quesne ou à prendre l’apparence d’une petite boule de paille intrépide chez Clédat et Petitpierre. En tournée depuis un an avec son premier projet solo, le concert ToutEstBeau, il revient en 2019 à ses premières amours : le cirque. Et quand on sait que sa famille artistique est composée de ses anciens acolytes du collectif Ivan Mosjoukine, la trapéziste Maroussia Diaz Verbèke et le duo Vimala Pons & Tsirihaka Harrivel, la nouvelle est réjouissante. Chacun à leur manière, ils défendent un cirque sobre et hautement symbolique, délesté de son folklore parfois légèrement kitsch ou vieillot, le tout avec une devise simple : « L’idée est physique. » Dans Ruine, faire sera donc dire. Et chacun des gestes ou actions menés sera le vers d’un poème à recomposer soi-même, la pièce d’un grand puzzle toujours aussi compliqué, celui de l’identité. Erwan Ha Kyoon Larcher s’y dévoile tel qu’il est, c’est-à-dire caméléon, tantôt tireur à l’arc, artisan pyrotechnique, équilibriste ou danseur pour multiplier les tentatives. Viser, tomber ou scier une branche sur laquelle on est assis, autant d’actes aussi limpides que profonds, qui en disent parfois plus que les longs discours.
: d’Erwan Ha Kyoon Larcher
du 19 janvier au 2 février au Centquatre,
puis du 13 au 23 mars au Monfort théâtre (1 h 15)