Cartographié lors de l’arrivée du navigateur anglais James Cook en 1774, ce territoire polynésien fit l’objet d’un véritable culte de la part des explorateurs occidentaux en raison de la beauté fantasmée de ses paysages et de ses habitants. Très hiérarchisée, ne négligeant pas le rôle des femmes, la société des îles Marquises est principalement fondée sur la dévotion et le respect envers les plus éminents dignitaires civils (chefs religieux ou guerriers reconnus) et les divinités et ancêtres dont les cérémonies religieuses célèbrent la grandeur. Cette dimension spirituelle s’imprègne jusque dans l’ornement des objets du quotidien, à l’esthétique soignée, et toujours révélatrice des positions sociales. Dans l’exposition, habits de cérémonie en étoffe d’écorce, bijoux ou armes jalonnent un parcours riche de plus de trois cents œuvres, illustrant aussi bien le caractère sacré de celles-ci que leur extrême diversité. C’est au contact de l’ensemble des matériaux exposés, face à la variété des points de vue et des supports (objets, photographies, vidéos explicatives) que s’affine notre perception de cette terra incognita au magnétisme puissant et intact. Les portraits de Max Radiguet et les peintures de Paul Gauguin jouxtent les vitrines d’hameçons et les maquettes de pirogues ; les traditions et les transformations coloniales se chevauchent harmonieusement ; et le « regard éclairé » – mata hoata en langue marquisienne – dépasse l’explication de salles pour dessiner, sous nos yeux, les traits d’un monde nouveau.
Matahoata. Arts et société aux îles Marquises,
jusqu’au 24 juillet
au musée du quai Branly