Six ans déjà que le tumultueux We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves de John Maus s’est imposé comme marqueur rétrofuturiste, pépite de pop philosophie new-wave, pendant gothique des dérives rêveuses d’Ariel Pink. Après une bondissante tournée (Maus est connu pour ses performances spectaculaires qui tiennent autant de la messe que de la crise d’épilepsie), l’Américain est retourné à ses études de philosophie politique (littéralement) et nous revient, diplôme en poche, pour un nouvel album et des concerts inespérés. Produit, enregistré et mixé chez lui au Minnesota, Screen Memories est, comme son nom l’indique, une (re)collection de souvenirs d’écrans, ou souvenirs-écrans, images surtout télévisuelles des années 1980 mises en musique sur des synthétiseurs et des boîtes à rythmes du même âge.
La manière unique de Maus est pourtant irréductible à la seule nostalgie tant son phrasé est singulier, saccadé, parfois martial, parfois profondément romantique, autant que sa musique est inimitable et immédiatement identifiable. Cet étrange et foisonnant mélange entre la new-wave, donc, mais aussi les polyphonies baroques de la Renaissance ou les expérimentations dansantes du post-punk invoque ici Star Trek (« Edge of Forever »), Buffy contre les vampires (« Teenage Witch ») ou Gilles Deleuze (« The People Are Missing »). Maus chante dans un écho d’outre-tombe et danse, tel un fantôme sur un champ de bataille, au milieu des images VHS, comme autant de décombres dans une mémoire en ruine. Aussi violemment moderne que parfaitement intemporel.
le 6 novembre
à La Maroquinerie