Ian Svenonius, quel cinéphile es-tu ?

Tes trois films préférés. Les Chaussons rouges (1949) de Michael Powell et Emeric Pressburger, La Chinoise (1967) de Godard et Tobi Dammit ou Il ne faut jamais parier avec le diable (1968) de Fellini


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Tes trois films préférés.
Les Chaussons rouges (1949) de Michael Powell et Emeric Pressburger, La Chinoise (1967) de Godard et Tobi Dammit ou Il ne faut jamais parier avec le diable (1968) de Fellini. Ces trois films sont parfaits : les uns comme les autres proposent une nouvelle réalité dans laquelle nous immerger. C’est politique, c’est sensuel, c’est terrifiant et c’est beau.

Trois films que tu aurais adoré vivre. 
Céline et Julie vont en bateau (1974) de Jacques Rivette. Pour moi, c’est comme un pays des merveilles surréaliste. Me vient aussi en tête Le Genou de Claire (1970) d’Éric Rohmer, un dilemme teinté d’érotisme qui se passe dans le sud de la France. En dernier, La Jeunesse de la bête (1963) de Seijun Suzuki, un film essentiel parce qu’il traite de l’exploitation des jeunes japonais, ce qui pousse à l’engagement.

Décris-toi en trois personnages de fiction.
L’héroïne du film érotique Emmanuelle (1974). Fifi Brindacier. Et puis l’effrayant Barbe Bleue.

Trois films politiques qui parlent au révolté que tu es ?
D’abord, Masculin Féminin (1966) de Godard, parce qu’il parle très justement des difficultés à conjuguer amour et jeunesse. L’Affaire Mattei (1972) de Francesco Rosi me parle beaucoup politiquement : c’est un film italien sur la collusion entre la Mafia et la CIA autour d’un meurtre politique, lié à la nationalisation des ressources naturelles. Un, deux, trois (1961) de Billy Wilder, qui détourne le sérieux de la Guerre froide en élément comique, avec un ambitieux qui cherche à présider l’entreprise Coca-Cola en Europe, alors qu’il y a le rideau de fer. Son patron lui demande de surveiller sa fille pendant son absence et elle revient avec un militant communiste.

Trois looks de personnages qui t’ont tapé dans l’œil ?
Le look du personnage de Boris Lermontov, joué par Anton Walbrook. Il porte des tenues superbes, avec de petits yeux cernés et un sourire génial. En deuxième, je choisirais Tobby Dammit, joué par Terence Stamp : il paraît super bizarre et il est toujours bourré. Dans le genre alcoolo, je choisirais peut-être ironiquement Peter O’Toole, même s’il est quand même très beau. Et puis Bob Dylan dans le docu Eat The Document de Donn Pannebaker, qui suit sa tournée de 1966 en Europe. Ce Bob Dylan-là avait une allure fantastique, c’est le meilleur look au monde selon moi.

Quels réals seraient autorisés à faire un biopic sur ta vie ?
Sans hésiter le surréaliste espagnol Luis Buñuel. Ou bien l’Italien Mario Bava, qui faisait de la super sci-fi horrifique. Věra Chytilová, une pure génie du cinéma. Tous les trois se rejoignent dans leurs jeux expérimentaux, dans leur maîtrise du style, dans leur incroyable sens du mystère.

Tes trois films punks préférés ?
Out of The Blue (1980) de Dennis Hopper, un film très étrange qui se focalise sur la scène punk de Vancouver. Bien sûr, il y a le très connu Ladies and Gentlemen, The Fabulous Stains (1981) de Lou Adler, où trois adolescentes fondent un groupe de punk. Ce qui est assez intéressant, c’est que le réal du film a produit un événement pas du tout punk, le Monterey Pop Festival, et des groupes comme The Mamas and The Papas. Il avait aussi collaboré avec Sam Cooke. Pour revenir franchement au punk, je choisirais le film sur les Clash, Rude Boy (1981), réalisé par Jack Hazan et David Mingay. Bon, parfois il est chiant, mais comme c’est les Clash et qu’ils sont suivis pendant une tournée, c’est cool quand même.

Trois films qui sont bien ancrés dans la culture pop selon toi ?
Lord Love a Duck (1966) de George Axelrod. Et dire que c’est le même homme qui a fait Le Lauréat alors que celui-ci est mille fois mieux. C’est une ode aux beach movies, à la vie de banlieue californienne dans les 60’s. La Dixième Victime (1965) d’Elio Petri, un trip sci-fi avec Usrula Andress et Marcello Mastroianni. Chut…chut, chère Charlotte (1964) de Robert Aldrich, encore avec Bette Davis, un film dans l’esprit gothique avec une super chanson de générique.

Tes trois films de jeunesse ?
Je vais citer trois films qui m’ont formé psychologiquement. Ce qui me vient en premier : Les Seigneurs (1979) de Philip Kaufman, sur des gangs de rue aux membres un peu décérébrés. Puis Le Démon des armes (1950) de Joseph H. Lewis qui lui explore la notion de sacrifice amoureux, soit jusqu’où quelqu’un peut aller pour son âme sœur. En dernier, Wolfman (2010) de Joe Johnston, parce que ça parle de transformation et que la transformation, c’est l’espérance du rock.

The Make-Up
Concert au Cabaret Sauvage mercredi 31 mai
Évènement Villette Sonique jusqu’au 31/05
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