Romancier, poète et scénariste italien, Erri De Luca publie Impossible (Gallimard), un récit dans lequel s’affrontent deux générations : celle d’un jeune juge et celle d’un ancien activiste de gauche accusé d’homicide. À l’occasion de cette parution placée sous le signe de la résistance et de la trahison, mk2 Institut reçoit l’auteur au mk2 Bibliothèque du 18 au 20 septembre. Un week-end pour revenir sur ses engagements politiques, son amour des mots et du cinéma, en trois entretiens et une projection de film.
TROISCOULEURS est partenaire de mk2 Institut, un espace physique et digital, où des artistes, écrivains et chercheurs invitent au débat, pour penser ensemble le monde d’aujourd’hui et de demain.
Près de 150 événements à retrouver dans le réseau des salles mk2.
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Ancien ouvrier communiste, militant écologiste, défenseur des migrants, vous êtes une figure de la lutte politique en Europe. Comment définiriez-vous aujourd’hui votre engagement ?
Erri de Luca : Je ne suis pas une personne engagée, mais un citoyen qui prend parfois des engagements incontournables, embrassant essentiellement des causes collectives et partagées. J’ai appartenu à la génération la plus emprisonnée de l’histoire d’Italie. À l’époque, ces combats ne laissaient pas de place à l’indignation, strictement individuelle et passagère. Je crois que cette forme collective d’engagement m’est restée. Aujourd’hui, elle m’éloigne de certains qui prennent position dans le débat public, mais ne le font qu’à titre personnel et en marge de la société intellectuelle.
Dans Impossible, l’accusé est un habitué des excursions dans les Alpes. Alpiniste chevronné, vous partagez avec ce personnage ce goût pour les ascensions en montagne. Que représente-t-elle pour vous ?
Elle est l’endroit où je vois comment était le monde sans nous et comment il sera après. Là existe la juste proportion entre l’homme, minuscule et insignifiant, et l’espace. Elle me permet de prendre de la distance. C’est un lieu d’isolement où mon corps exulte.
Peut-on dire la même chose de l’écriture ?
En montagne, je reste avant tout un intrus dans un endroit indifférent à ma présence. L’écriture, au contraire, est plutôt pour moi une manière de me tenir compagnie tout en étant autosuffisant : lorsque j’ai une idée, je commence à tisser une histoire. Puis des souvenirs et des images apparaissent. Et le cirque commence : animaux, jongleurs, clowns, éléphants… c’est le spectacle pyrotechnique qui s’allume sur la page.
Vous présentez à la rentrée Happy Times, un film réalisé par Michael Mayer en 2019 dont vous êtes le producteur exécutif. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
La mise en scène de la fragilité de nos vies, l’explosive violence qui se cache lors d’une fête, la compression de notre système nerveux. C’est aussi un film qui, en racontant un dîner de shabbat tournant au drame, évoque le judaïsme. Bien que je n’aie pas d’origine juive, la découverte de l’Ancien Testament à 33 ans a aussi été une rencontre avec la tradition d’un peuple de lecteurs. J’y ai trouvé des liens avec ma langue maternelle, le napolitain.
Vous investissez le septième art depuis plusieurs années, en tant que scénariste puis producteur. Qu’est-ce que le cinéma représente pour vous ?
Je crois qu’il s’agit du plus beau cadeau fait à l’humanité au XXe siècle. C’est aussi et surtout un art du collectif. À la fin de chaque séance, je suis toujours enchanté par les génériques mentionnant tous ceux ayant participé au projet. Il y a dans chaque étape de la production d’un film, notamment dans l’écriture du scénario, une humilité éloignée de la fameuse autosuffisance du livre.
Impossible de Erri de Luca (Gallimard), disponible.
Propos recueillis par Joséphine Dumoulin
Photo de Une: (c) Francesca Mantovani
« Au nom de… Erri De Luca », Venez à la rencontre d’Erri de Luca pour un cycle d’événements exceptionnels du vendredi 18 au dimanche 20 septembre au mk2 Bibliothèque
Tarif : 15 € | étudiant, demandeur d’emploi, – 26 ans : 9 € | Carte UGC / mk2 illimité acceptée
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