Théâtre : à la découverte de la géniale Tiphaine Raffier

L’autrice et metteuse en scène Tiphaine Raffier explore la tragédie et la dystopie avec audace et fantaisie. Deux de ses pièces sont à (re)découvrir cette année. 


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Artiste prometteuse du théâtre contemporain, Tiphaine Raffier s’est imposée grâce à une narration ciselée qui mêle musique live, vidéo et jeu d’acteur. Une alliance de moyens qui pourrait rappeler les pièces sophistiquées de Julien Gosselin, pour qui elle a joué à de nombreuses reprises, notamment dans l’électrisant Les Particules élémentaires (2013). Mais ce qui séduit chez la trentenaire, c’est sa capacité à déployer des dystopies teintées de fantaisie, dans un habile mélange de registres. Tout commence en 2012 avec La Chanson, spectacle dans lequel elle met à mal l’agglomération dans laquelle elle a grandi, Val d’Europe, cité en carton-pâte montée de toutes pièces à côté de Disneyland Paris.

Elle y met en scène sa propre désillusion à travers celle d’un trio de danseuses fans d’Abba qui se rêvent en stars de la chanson. Elle poursuit ce fil dystopique dans le récent France-fantôme (2017), une pièce de science-fiction musicale, où naît un business de l’immortalité grâce à une technologie qui permet de se réincarner dans le corps d’un donneur. Cette année, elle s’aventure du côté de la tragédie avec Némésis – une adaptation d’un roman de Philip Roth dont le héros est un coach sportif mégalo –, qui promet encore une fois de prendre des allures de comédies musicales. Complexes et audacieuses, les pièces de Tiphaine Raffier n’ont pas fini de nous désillusionner grâce à leur douce extravagance. 

> La Chanson [reboot], du 31 mars au 15 avril à la MC93 (Bobigny) et le 18 avril à l’Espace 1789 (Saint-Ouen) (1 h 20) 

> Némésis, du 23 mars au 21 avril aux Ateliers Berthier – Odéon-Théâtre de l’Europe (2 h 45) 

Image (c) Simon Gossellin