EXPO · Au Jeu de Paume, « Tina Modotti : l’œil de la révolution »

Icône méconnue de la photographie, Tina Modotti traverse avec son appareil photo certaines des plus grandes périodes historiques des années 1920-1930.


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Du début du XXe siècle, Tina Modotti semble avoir tout vu et tout connu. Déroulée dans un ordre chronologique, son œuvre photographique, composée quasi uniquement des petits formats en noir et blanc, est une tranche d’histoire à part entière. 

On démarre avec son Italie natale, dont elle émigre rapidement, comme de nombreux Européens dès les années 1920 – direction l’ouest des États-Unis. Elle y rencontre son premier compagnon, le photographe Edward Weston. Installée au Mexique ensuite, elle documente les travaux d’intellectuels et artistes de l’époque, dont Diego Rivera, mais aussi la vie quotidienne du pays en tant que photojournaliste pour de nombreuses revues.

C’est au sein de ce Mexique post révolutionnaire que ses convictions politiques se forgent, que son travail se fait plus social, marqué par la société en pleine mutation dans laquelle elle évolue. Féministe, son œuvre présente aussi des portraits de travailleuses mexicaines sans artifice, engagée pour une meilleure représentation des classes populaires, loin des stéréotypes sexistes et bourgeois. Envoyée sur le front de la guerre civile en Espagne elle passe les dernières années de sa vie à coordonner les hôpitaux ou évacuer des enfants.

Exilée en France, épuisée par des années de combat, elle rentre au Mexique où elle décèdera en 1942. Il en aura fallu, du temps, avant de reconnaître la portée précieuse et universelle du travail de l’artiste, souvent réduite au rôle de muse d’Edward Weston. Cette exposition remédie à l’injustice avec brio.

: « Tina Modotti : l’œil de la révolution », jusqu’au 12 mai au Jeu de Paume. Plus d’infos ici

Photo de couverture : Tina Modotti, Sobre la fotografía [Sur la photographie], in Mexican Folkways, vol. 5, no 4, oct.-déc. 1929