
Après deux E.P. remarqués et une mixtape (Galore, 2020) la révélant tout à la fois artiste habitée et habile productrice, Oklou a enchaîné les collaborations, avec Mura Masa, Pomme ou Flavien Berger, les remixes, pour A. G. Cook ou Dua Lipa, ainsi que des concerts, en première partie d’Oneohtrix Point Never et de Caroline Polachek. Oklou a déjà une carte de visite en or et des dates sold out en Amérique, avant même la sortie de son premier album.
Originaire de Poitiers, désormais résidente londonienne, Marylou Mayniel, de son vrai nom, née en 1993, est surtout résidente d’Internet, élaborant son identité virtuelle en même temps que ses pièces musicales, enfant de GarageBand, SoundCloud et PC Music, le label d’A. G. Cook, Sophie et Charli XCX, avant-gardistes dans les années 2010, au sommet des charts aujourd’hui. La pop électronique d’Oklou se nourrit des mêmes obsessions hyperpop – mutations technologiques, accélérationnisme, exagération et/ou détournement des formes populaires stéréotypées, par-delà le bon et le mauvais goût –, mais de manière plus minimaliste, envoûtante, subtile. Choke Enough, usant parcimonieusement des beats au profit d’ambiances vaporeuses, de modifications de textures (AutoTune) et de vitesses (pitch), agit davantage comme une musique intérieure, le souvenir brumeux d’une rave party, le flux de conscience d’une danseuse qui préfère regarder le dancefloor depuis le balcon. Entre musique baroque électronique et ASMR mutante, Laurie Anderson et euro-dance, rêverie numérique et réalité qui heurte, Choke Enough fait apparaître et disparaître les fantômes dans la machine, dans vos oreilles.
Choke Enough d’Oklou (Because Music)