
En 1960 sort Kapó du réalisateur italien Gillo Pontecorvo, l’un des premiers films de fiction sur l’Holocauste, avec Susan Strasberg, Laurent Terzieff et Emmanuelle Riva. Dix-huit ans plus tard, Edith Bruck publie Transit, un roman inspiré du tournage du film.
Elle y raconte l’histoire de Linda, rescapée des camps de la mort, engagée comme consultante historique par la production pour améliorer le réalisme de la reconstitution. Les spécialistes débattent aujourd’hui pour savoir si Edith Bruck, qui n’est pas créditée au générique, a personnellement travaillé sur Kapo, et dans quelle mesure Pontecorvo s’est appuyé sur le livre autobiographique de Bruck, Chi ti ama così…
Toujours est-il que Transit, traduit aujourd’hui sous le titre Contrechamp, est un roman étrange et fascinant, où tout semble conspirer à déstabiliser la narratrice : les exigences absurdes du cinéaste sur le plateau, les caprices de l’actrice principale, une altercation avec un commerçant, une liaison ambiguë avec un médecin. Admiré par les uns, conspué par d’autres, Kapo entrera dans l’histoire du cinéma. Contrechamp raconte en quelque sorte l’histoire derrière le film, lui-même en prise avec l’histoire mondiale.

Contrechamp d’Edith Bruck, traduit de l’italien par René de Ceccatty (Seuil)