4 spectacles à voir ce mois-ci

Avec une adaptation de Gustav Mahler, et les créatures du cabaret Madame Arthur revisitent les titres d’Alain Bashung.


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Résurrection de Romeo Castellucci

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Romeo Castellucci adapte la Symphonie no 2, dite « Résurrection », de Gustav Mahler, en recréant un charnier sur scène, où sont déterrées avec soin des dizaines de cadavres. Convoquant des symboles saisissants, il livre un opéra à l’âpreté brute, qui expose la violence du monde.

Volontiers provocateur, jouant avec les symboles, le sacré et le politique, Romeo Castellucci crée des images obsédantes et inquiétantes. En témoignent les personnages intrigants dans son Orestie (2015) d’après la trilogie des Atrides du dramaturge antique Eschyle, ou dans Bros (2021) qui mettait en scène un État autoritaire faisant écho aux violences policières. Aussi metteur en scène d’opéra – il a monté, entre autres, Parsifal de Richard Wagner (2011), Requiem (2019) et Don Giovanni (2021) de Mozart –, la star italienne s’attaque à la pièce monumentale Symphonie no 2, dite « Résurrection », de Gustav Mahler, composée entre 1888 et 1894. Pour embrasser ce célèbre poème eschatologique, le metteur en scène remplit la scène de terre sur laquelle avance un cheval blanc. Ce symbole de mort et de transformation annonce une suite bien funeste : l’exhumation de dizaines de cadavres disposés sur des sacs mortuaires blancs et consignés par des agents aux habits siglés UNHCR (l’agence des Nations unies pour les réfugiés). Ces images poignantes, aussi banales que dures, s’entrechoquent avec les mouvements de cette partition aux accents chaotiques, tour à tour macabres et lumineux. Une atmosphère étouffante s’installe, ponctuée par des voix altos profondes et sopranos poignantes, avant une résolution salvatrice et grandiose appuyée par le Chœur de l’Orchestre de Paris. Jouant brillamment avec l’iconographie et la symbolique catholique, Romeo Castellucci dévoile une apocalypse qui fait écho à notre monde, les guerres ou la crise migratoire meurtrière, en offrant un salut possible.

: de Romeo Castellucci, à La Villette, du 28 au 30 novembre

Madame ose Bashung de Sébastien Vion, Cie Le Skaï et l’Osier [PERFORMANCE]

« Osez Joséphine », « La nuit je mens », « Vertiges de l’amour »… Les créatures du cabaret Madame Arthur revisitent les titres d’Alain Bashung, la poésie de ses textes et son aura rock. Cette joyeuse troupe de performeurs est menée par Sébastien Vion, aka Corrine, artiste transdisciplinaire armée de sa verve décapante et de son élégance à toute épreuve. 

: au Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 28 décembre

Memory of Mankind de de Marcus Lindeen et Marianne Ségol [THEATRE]

Se souviendra-t-on de l’humanité grâce à des tablettes de céramique ? Ce projet étrange d’un archiviste autrichien est le point de départ d’une réflexion pour le metteur en scène suédois Marcus Lindeen sur les traces laissées par les humains. À la frontière entre le théâtre documentaire et le délire, cette pièce immersive questionne le besoin d’archives et la quête d’immortalité. 

: de Marcus Lindeen et Marianne Ségol, au T2G – Théâtre de Gennevilliers, du 14 au 25 novembre

Voice Noise de Jan Martens [DANSE]

Comme pour redonner une place aux voix silenciées ou oubliées, le chorégraphe flamand Jan Martens crée un écrin pour des chanteuses et compositrices. De la soul de la chanteuse et activiste afro-américaine Camille Yarbrough au bruitisme vocal de la chanteuse norvégienne Maja Ratkje, Voice Noise est autant une pièce de danse que d’écoute.

: de Jan Martens, au Théâtre de la Ville – Sarah-Bernhardt, du 19 au 23 novembre