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FOCUS — 3 jeux-vidéos qui questionnent les violences policières
- Corentin Lê
- 2020-09-24
Bien qu’il ait souvent pu faire de la brutalité un principe ludique, le jeu vidéo est aussi capable de questionner les violences policières en nous mettant, au détour d’une scène ou tout au long du jeu, à la place d’un bourreau, d’un témoin ou d’une victime. En voici une sélection en trois jeux marquants issus d’époques et de genres différents.
Cet article fait partie de notre dossier Quand l’art se saisit des violences policières. À l’occasion de la sortie du documentaire Un pays qui se tient sage de David Dufresne, TROISCOULEURS s’intéresse à la manière dont le monde de l’art traite du sujet des violences policières. Interviews, décryptages, focus sur des œuvres incontournables ou rares…Retrouvez tous les articles du dossier en cliquant ici.
Earthbound (1994)
Dans Earthbound, deuxième opus culte de la série de RPG japonais Mother, qui a pour particularité de plonger le joueur dans un univers inspiré des films Amblin (E.T., Les Goonies...), nous incarnons un garçon âgé de 12 ans. Quand celui-ci se retrouve au commissariat de sa ville natale, débute une séquence dans laquelle il doit affronter cinq policiers avant de pouvoir accéder à la ville suivante. Sous le vernis ludique d’une traditionnelle scène de combat, c’est toute la violence que le monde exerce sur sa jeunesse qui transparaît entre les pixels : au bout de la manette, face à des agents de police zélés, un enfant prend des coups et perd des points de vie.
Grand Theft Auto : San Andreas (2004)
Fait admis : la richesse de la série Grand Theft Auto est à trouver dans le détail de ses mondes, dans les petites idées de mise en scène éparpillées au fond de ses cités malfamées. Parmi elles, un easter egg (un secret caché) de l’épisode San Andreas donne à voir un passant se faire tabasser par deux policiers au fond d’un parking. Un telle agression, aussi discrète que révoltante, dénote d’autant plus qu’elle apparaît dans une série qui inscrit plutôt la violence dans un registre satirique, parfois grotesque. Comme un secret inavouable, dissimulé car trop choquant pour surgir à la vue de tous, la place souterraine de cette scène de violence policière la rend encore plus glaçante.
Detroit : Become Human (2018)
C’est sans conteste le titre récent qui a le plus directement questionné le sujet des violences policières. Dans Detroit : Become Human, nous incarnons un policier androïde, Connor, qui doit choisir entre deux voies dans l’exercice du pouvoir : la violence ou la négociation. Localisant son récit dans la même ville que les émeutes raciales de 1967, le jeu nous met dans la peau de cet agent humanoïde qui se retrouve, par sa fonction et sa hiérarchie, commandé d’empêcher une révolte d’androïdes. Pour « devenir humain », à nous d’accorder nos choix ludiques à l’aune de cet horizon politique.