L’album du mois : « Le Cirque de consolation » de Léonie Pernet

La Française troque les dancefloors de la désolation d’un premier solo remarqué (« Crave », 2018) contre le bien nommé « Cirque de consolation », irradiant de lumière et d’espérance sa mélancolie.


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À l’image de son titre ambivalent – à la fois cercle magique d’une communauté à venir et lieu de représentations, société du spectacle –, le deuxième album de la multi-instrumentiste, productrice et chanteuse française oscille entre lumière et obscurité, ancien et moderne. Mix sans frontières de pop, de techno, d’electronica et de sonorités africaines, ses productions reflètent la diversité du monde contemporain, quand ses chansons (« Les Chants de Maldoror », « À rebours », « Dandelion ») invoquent le romantisme noir du xixe siècle.

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« J’étais gothique pendant mon adolescence, et Baudelaire, Lautréamont, Huysmans font partie de mon décor intérieur, explique Léonie Pernet, mais je ne trouve pas mes textes passéistes. Je vis dans mon époque. Les mélanges décloisonnent l’imaginaire, qui n’est pas séparé entre le Nord et le Sud, l’occident et la “world music”. Le fait que je sois métisse y participe sans doute, mais, à mon sens, ma musique reflète juste la réalité. »

Avec ces chansons traversées par l’eau noire de la mélancolie, l’ancienne passionaria de la nuit parisienne, ardente féministe, défenseuse des minorités et de la culture queer, offre une terre d’asile à toutes les personnes pour qui, selon les mots de Stig Dagerman (l’un de ses auteurs de chevet), « notre besoin de consolation est impossible à rassasier ».

Si ton album était un film

« Si mon album était un film, il en serait deux : Les Enfants du paradis de Marcel Carné – remastérisé en couleurs ! –, car c’est un film que j’ai regardé en boucle quand j’étais adolescente et dont les personnages forment une petite comédie humaine, un cirque de consolation à leur manière ; et Adam de Maryam Touzani, parce que c’est l’histoire d’une renaissance. La force de l’amour y vient contrer le destin, et ce qui réunit les deux personnages, deux femmes, c’est la consolation. »

Le Cirque de consolation de Léonie Pernet (CryBaby/InFiné), sortie le 19 novembre.

Photo (c) Jean-François Robert