Depuis qu’elle est entrée en piste, Phia Ménard poursuit une éternelle mue artistique. Formée au jonglage, elle dérive progressivement vers une forme plus libre de nouveau cirque. Jouant ou luttant contre les éléments naturels et s’emparant des matières les plus diverses, elle titille nos sensations les plus primaires pour nous raconter des histoires de quêtes identitaires, de transformations et d’émancipation. P.P.P., sa pièce manifeste, emprunte ainsi les chemins métaphoriques d’un corps-à-corps avec la glace pour évoquer la transition, autobiographique, de Philippe Ménard, devenu Phia. C’est ensuite du vent qu’elle fait son acolyte de scène, faisant virevolter dans les airs de petites créatures découpées dans du plastique multicolore pour L’Après-midi d’un foehn, une pièce pour jeune public, comme un appel à se libérer de ses brides, reprise ce printemps au Théâtre de Vanves.
À mesure qu’elle s’est déplacée vers le terrain du corps et de la danse, Phia Ménard a assumé un propos plus radicalement politique, n’hésitant pas à taper sec sur l’oppression patriarcale dans l’ode émancipatrice Saison sèche. Oui, l’artiste a bien un rôle à jouer dans la société: celui de mettre en scène ce que l’on refuse de voir. C’est le grand chantier qu’elle attaque avec ses Contes immoraux, dont le premier épisode, Maison mère, s’ingénie, à l’aide de carton et de scotch, à raconter une autre histoire de l’Europe: un continent aux fondations fragiles, engagée dans un perpétuel mouvement de construction-déconstruction et incapable d’accueillir «ses autres».
Contes immoraux partie 1. Maison mère, du 13 au 18 mai au Théâtre des Amandiers (Nanterre) (1h30)
L’Après-midi d’un foehn. Version 1, le 15 juin au Théâtre de Vanves, dès 5 ans (25min)
Et aussi
FOOTBALLEUSES
Le chorégraphe Mickaël Phelippeau conçoit ses spectacles avec et pour les autres. Parfois il monte sur scène avec eux, il appelle ça des bi-portraits; d’autre fois il leur laisse la scène, et ça peut donner de grandes photographies d’équipe. Pour sa dernière création, c’est ainsi à la rencontre de footballeuses qu’il nous invite. Entre témoignages intimes et jeux de corps, ces dernières nous racontent leur épopée dans un sport gangrené par la misogynie.
Footballeuses de Mickaël Phelippeau, les 7 et 8 juin au Nouveau Théâtre de Montreuil (1h)
Image d’ouverture: Copyright Jean-Luc Beaujaul