5 clips improbables réalisés par de grands cinéastes

Ils sont mondialement connus pour avoir réalisé Le Mépris, Les Nuits de la pleine lune ou encore L’Exorciste… Mais tout le monde ou presque a oublié qu’ils ont aussi fait des clips improbables pour Arielle Dombasle, France Gall ou Johnny Hallyday. Florilège. Le clip de « Ce que je sais » de Johnny Hallyday par William Friedkin


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Ils sont mondialement connus pour avoir réalisé Le Mépris, Les Nuits de la pleine lune ou encore L’Exorciste… Mais tout le monde ou presque a oublié qu’ils ont aussi fait des clips improbables pour Arielle Dombasle, France Gall ou Johnny Hallyday. Florilège.

Le clip de « Ce que je sais » de Johnny Hallyday par William Friedkin

Qui s’en souvient ? (nous, il y a trois ans, mais on avait déjà oublié entre-temps) Mais surtout : qui sommes-nous pour juger ? En 1997, on ne sait par quelle prodigieuse coïncidence, le réalisateur américain de L’Exorciste (1973) et French Connection (1971) s’est retrouvé à réaliser une vidéo pour accompagner la sortie du morceau « Ce que je sais » de Johnny Hallyday, coécrit par Pascal Obispo. Fondus enchaînés mélancoliques et cadrages poignants sur Jojo (qui quitte une femme à regret ? en tout cas, l’émotion est palpable) dans les rues de New York… Friedkin a creusé sa veine la plus mélo pour accoucher de cette vidéo tendre et émouvante.

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Bonus complice : cette photo de Johnny, Friedkin et Dayle Haddon, top model des années 1980, sur le tournage du clip © DR

 

Le clip de « Plus haut » de France Gall par Jean-Luc Godard

Nous sommes en 1996. France Gall a décidé de reprendre, dans une version plus rock, son titre « Plus haut » (sorti une première fois en 1980) quatre ans après la mort de Michel Berger, qui a écrit le titre. Étonnamment, la chanteuse fait appel à Jean-Luc Godard, alors dans l’une des périodes les plus expérimentales de sa carrière, pour en réaliser le clip. Et nous voilà avec un pur produit godardien : des superpositions d’images (des toiles de la Renaissance, des extraits de films, un plan d’un opérateur et de sa caméra qui semble faire un clin d’œil à l’ouverture du Mépris) et de banc-titres mystérieux (« L’Art ne voit pas / Il métamorphose »), ou encore de très curieuses apparitions, presque subliminales, du visage flou de la chanteuse. Jusqu’à faire se superposer le « O » du mot « OH ! » sur la bouche en rond de France Gall. On ne saisit pas grand chose, sauf peut-être une pointe d’ironie de la part du maître de la Nouvelle Vague.

 

Le clip de « Quelqu’un m’a dit » de Carla Bruni par Leos Carax

Toute une génération s’en souvient, car c’est une ritournelle qui entre une fois dans le cerveau pour n’en plus jamais sortir. Saviez-vous que le titre « Quelqu’un m’a dit », sorti en 2002, était coécrit par la chanteuse et par Leos Carax, son compagnon de l’époque ? C’est d’ailleurs le réalisateur de Mauvais Sang et d’Holy Motors (dont on attend impatiemment la sortie du prochain film, Annette) qui en a filmé le clip. On y voit Carla Bruni interpréter tranquillement le morceau à la guitare dans son salon, alors que son voisin d’en face tente d’attirer son attention, passant et repassant devant sa fenêtre, torse nu et une bougie à la main. Réfléchissez bien avant de lancer la vidéo, on vous rappelle de nouveau que la chanson ne vous sortira plus de la tête.

 

Le clip de « Amour symphonique » d’Arielle Dombasle par Éric Rohmer

La magie a décidément opéré entre ces deux-là. La scène de L’Arbre, le maire et la médiathèque d’Eric Rohmer dans laquelle le personnage campé par Arielle Dombasle découvre la campagne, le cri du dindon et caresse pour la première fois une vache est l’une de nos préférées du cinéma. Elle a d’ailleurs été l’égérie du cinéma philosophique de Rohmer de Perceval le Gallois, en 1978 jusqu’aux Rendez-vous de Paris, en 1995.

En plein milieu de cette période, en 1989, l’actrice et chanteuse franco-américaine a demandé à son ami cinéaste de réaliser un clip pour son morceau « Amour symphonique ». Il la filme gravissant les marches de l’Opéra Bastille dans une robe indescriptible devant un parterre de fans et de photographes, avant qu’elle ne pousse son chant lyrique dans la majestueuse salle de spectacle, sous le regard intense d’un membre du public, qui la scrute de manière creepy. Celui-ci repartira bredouille, Arielle Dombasle préférant continuer nonchalamment de chanter et danser avec son équipe jusque dans les couloirs de l’Opéra.

 

Le clip de « Bois ton café » de Rosette par Eric Rohmer

Oui, encore Rohmer, mais quel clip. On a bien failli ne faire un top qu’avec celui-là tellement on l’aime. En 1986, Rohmer signe cette vidéo pour la chanteuse Rosette, une autre des égéries du cinéaste (Pauline à la plage, Le Rayon vert...). Elle y joue une femme qui traîne au lit et dans son bain chaque matin, alors que son mari (joué par Pascal Greggory), qui doit partir au travail, tente d’activer le mouvement – en commençant par essayer de lui faire boire un café. Il faut passer l’agacement que l’on ressent dans les première secondes pour se laisser happer par le mélange de kitsch et d’érotisme mignon qui fait tout le charme du clip. Un plaisir coupable dont l’air vous reviendra désormais chaque fois que vous boirez une tasse de café.

Image de couverture : capture du clip d’Arielle Dombasle © DR