À l’occasion de la sortie de son film Family Romance, LLC, le réalisateur allemand évoque dans La Dispute son goût pour l’errance et la contemplation.
Tout comme les personnages de ses fictions – Klaus Kinski à la recherche de l’Eldorado dans Aguirre – ou les héros de ses documentaires – Tim Treadwell, écologiste qui a tenté de vivre avec des ours en Alaska avant que l’un d’eux ne le dévore dans Grizzly Man -, Werner Herzog est un explorateur. C’est cette facette de chercheur infatigable qui constitue le fil rouge de l’entretien que le réalisateur allemand a donné à Arnaud Laporte dans La Dispute, à l’occasion de la sortie de son nouveau film, Family Romance, LLC, qui s’empare d’un fait de société répandu au Japon, où des gens font appel à des comédiens pour remplacer un membre de leur famille.
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« À certains moments, la marche disparaît, devient un procédé extatique, comme un rêve. Je ne perds jamais la direction de vue, mais c’est comme si je marchais dans un roman », commence par expliquer le cinéaste aventurier, pour qui la vadrouille est un exercice existentiel (et dont on apprend qu’il voulait devenir champion du monde de ski).
Surnommé « cinéaste de l’impossible », réputé pour ses tournages houleux, dangereux, qui mettaient à l’épreuve le mental de ses équipes de tournage, Werner Herzog évoque également son rapport fusionnel aux acteurs, avant d’expliquer qu’il chérit la confusion entre fiction et documentaire (« Je mélange les distinctions (…) quand je fais des films documentaires, je ne filme que des choses que l’on fait dans la fiction »).
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Histoire de vous donner envie d’aller voir Family Romance, LLC, qui interroge notre solitude moderne, gangrenée par la peur du jugement, on vous laisse sur ces paroles du réalisateur à propos de son film : « La multiplication des instruments de communication renforce d’un côté la connexion avec les autres, mais aussi notre solitude de manière proportionnelle. Il y a déjà quarante ans, dans les années 80, je disais : “Plus il y aura de moyens de communication, plus nous serons seuls.” Et je crois que ce 21ème siècle sera le siècle de la grande solitude. »
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