Des personnalités du monde du spectacle, parmi lesquelles Vincent Macaigne, Edouard Louis ou encore Vanessa Paradis, ont raconté en live samedi dernier comment ils vivaient cette crise sanitaire qui a mis le monde de l’art à l’arrêt.
Ce samedi 28 novembre, durant six heures ininterrompues, les journalistes de Télérama ont convié 24 personnalités du monde du cinéma, du théâtre ou encore de la chanson pour partager en live leurs expériences et sentiments en cette période troublée que traverse l’industrie culturelle. Communiquant, crise sanitaire oblige, par écrans interposés, cette « communauté éphémère » (décrite comme telle par le magazine dans son article) a oscillé entre cris du coeur et discours plus cérébraux, pour soulever les profonds bouleversements que ces derniers mois ont provoqué dans leurs vies d’artistes.
Parmi eux, le manque de contact avec le public. « J’ai eu l’impression de louper des rencards de vie », a joliment formulé la chanteuse Suzane. L’acteur et réalisateur Mathieu Amalric, qu’on verra bientôt en policier dans The French Dispatch, le prochain film-choral de Wes Anderson, s’est quant à lui interrogé sur l’avenir : « Ce second confinement est visqueux, compliqué, plein de colère. Est-ce que ça va recommencer comme avant ? » Beaucoup d’entre eux se sont érigés contre des décisions gouvernementales qu’ils jugent absurdes et injustes, comme l’écrivain Edouard Louis (Histoire de la violence, Qui a tué mon père) qui n’hésite pas à l’exprimer franchement : « Je sors du confinement encore plus énervé. J’ai envie de faire des livres encore plus politiques. Puisque la politique ne fait pas son travail, c’est aux artistes de le faire? » L’acteur, réalisateur et metteur en scène Vincent Macaigne a considéré de son côté que les artistes et institutions ont été infantilisés : « Les lieux culturels ont respecté les protocoles, aucun cluster n’est apparu dans les théâtres, mais on nous a punis comme si nous étions des enfants. »
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Pour d’autres, le confinement va de pair avec le syndrome de la page blanche : la chanteuse et actrice Vanessa Paradis (vue récemment dans Un Couteau dans le coeur de Yann Gonzalez) confie n’avoir écrit que « des bouts de chansons » entre mars et juin. Bien qu’inspirée, l’autrice Maylis de Kerangal (Réparer les vivants, Corniche Kennedy) a eu du mal à coucher ses impressions sur le papier : « J’étais bien en proie à un afflux d’idées, d’embryons de fictions mais j’étais incapable de les organiser. C’est seulement maintenant que je parviens à m’inscrire dans un projet d’écriture. »
Pourtant, cette période compliquée a aussi donné naissance à quelques miracles, comme celui vécu par la soprano Barbara Hanningan qui, libérée du stress des représentations, a vu sa voix augmenter d’une tierce. Retrouvez la vidéo du live en intégralité ci-dessous :
Par Cameron Guyot