Trois plans qui t’ont marqué ?
Celui du monologue de Veronika dans La Maman et la Putain de Jean Eustache, qui m’a inspiré pour un plan assez frontal de Pauline dans Pour le réconfort. J’ai aussi été fasciné par certaines images très fortes de Gummo de Harmony Korine – des personnages qui dansent devant un miroir dans une cave dégueu, un ado habillé en lapin rose… C’est très théâtral et décadent ; c’est à ça que devrait ressembler une bonne pièce de théâtre. Et sinon, les plans de fin des films de Charlie Chaplin, ceux où il s’en va au loin en faisant tourner sa canne.
Trois films sur la lutte des classes ?
Germinal de Claude Berri. Enfant, ça devait être la première fois que je voyais des luttes sociales à l’écran. Tout va bien de Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin. J’en ai assez peu de souvenirs, mais je me souviens d’une séquestration de patron dans une usine filmée comme une maison de poupées. Et puis The Dark Knight Rises de Christopher Nolan. J’avais trouvé ça hyper pro-libéral. En gros, Marion Cotillard joue une Française écolo gauchiste qui veut détruire le monde. Heureusement, Batman, le milliardaire dont l’entreprise est cotée en bourse, vient pulvériser tous ces gauchos. C’est super réac.
Trois films méconnus que tu aimerais faire découvrir ?
Bah… Pour le réconfort. Sinon Dead Slow Ahead de Mauro Herce, un documentaire très plastique sur un paquebot . Et Pandore de Virgil Vernier, le portrait d’un physionomiste qui recale tout le monde à l’entrée d’une boîte.
Trois textes que tu te verrais bien adapter au cinéma ?
J’avais commencé à travailler sur un film d’après Un ennemi du peuple, une pièce de Henrik Ibsen. Ça parle d’un docteur qui alerte la population de son village sur le fait que leur station thermale est fortement polluée. Mais les habitants se retournent tous contre lui, car régler ce problème aurait une incidence sur l’économie du village. Ça m’aurait permis de parler de la peur de l’empoisonnement, de l’écologie… mais ça n’a pas abouti. Sinon, j’aimerais bien réaliser un film inspiré de Crime et Châtiment de Dostoïevski ou de Hamlet de Shakespeare, même si ça a déjà été fait mille fois.
Décris-toi en trois personnages de fiction.
Moi ? Heu… même s’ils ne sont pas vraiment fictionnels, Woody Allen, pour son côté un peu névrosé, et Klaus Kinski pour la virulence de sa prise de parole. Et sinon, Leonard, le personnage joué par Joaquin Phoenix dans Two Lovers de James Gray, pour son caractère perdu et indécis – mais, attention, dans mon cas, ce n’est pas sentimental.