Le Parrain, 2ème partie (1974) vs. Le Parrain (1972), Vers sa destinée (1939) vs. Je n’ai pas tué Lincoln (1935), Star Wars, épisode I : La Menace fantôme (1999) vs. Star Wars épisode IV : Un nouvel espoir (1977) … À quoi tient la réussite d’un – ou plusieurs – préquels ? Travis Lee Ratcliff a tenté de répondre à cette question épineuse avec pour clef d’entrée le préquel de la série Breaking Bad intitulé Better Call Saul. Pour lui, la série réussit à développer des personnages qu’on a aperçu et côtoyé mais qu’on ne connaît que trop peu. Par exemple, l’ex flic plutôt brut de décoffrage Mike Ehrmantraut. Les personnages prennent alors en densité en même temps que l’intrigue devient plus mystérieuse encore pour le spectateur, qui se demande comment tous ces nouveaux éléments vont se relier entre eux.
Mais surtout, la série évite un écueil : celui de trop entrer en résonance avec l’intrigue principale, auquel cas le spectateur se lasse et sa curiosité s’étiole. Pour la préserver, il faut que l’intrigue soit totalement indépendante des événements à venir (et qu’on connaît forcément). On s’explique mieux notre binge-watching intempestif sur Better Call Saul et on supplie Vince Gilligan de ne plus faire aucun préquel, sinon on peut dire adieu à notre vie sociale.